Le projet de constitution menace gravement l’unité nationale et la cohésion sociale, selon la CNR

Notre unité nationale et notre cohésion sociale sont gravement menacées par le projet de la nouvelle constitution actuellement en cours d’examen au parlement de la Transition, affirme la Coalition pour la nouvelle République (CNR) mise en place en 2016 par Jean Ping.

« Le régime atypique qui est soumis pour avis à l’Assemblée constituante renferme en son sein plusieurs curiosités juridiques, au point où, de nombreux commentateurs qualifient  ce  texte  de « constitution transgenre » qui n’entre dans aucun moule des régimes politiques existants », commente la CNR. Selon elle la constitution proposée ne propose ni semi-présidentiel, ni présidentiel encore moins parlementaire, les trois seuls régimes reconnus de manière universelle.

« Après avoir pris connaissance du texte, force est de se demander si les rédacteurs de ce projet avaient à cœur l’intérêt général du peuple gabonais ? » s’interroge la CNR.

« La concentration des pouvoir par le Président de la République a pour conséquence majeur, l’affaiblissement des contre-pouvoirs que sont le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire », déplore la coalition.

Nationalité

« La discrimination négative, dangereusement insérée au projet de la loi fondamentale va établir une classification en Gabonais entier, demi-Gabonais, tiers Gabonais et quart Gabonais », prévient la CNR qui sent arriver « la désintégration du tissu social, du socle national, du vivre-ensemble, de l’unité nationale et du sentiment d’appartenance à une même nation ».

« Dire que le candidat à l’élection présidentiel doit être Gabonais né de père et de mère gabonais, eux-mêmes de père et de mère Gabonais, revient à profaner la mémoire des pères fondateurs de la nation qui ont consacré le statut de Gabonais à tout Gabonais né de Père OU de mère Gabonais », s’alarme la coalition.

La coalition poursuit « on s’interroge également sur le sens donné à d’autres dispositions injustifiées et injustifiables comme par exemple, le conjoint du candidat qui doit être de père et de mère Gabonais ; le statut particulier accordé aux Gabonais de l’étranger et à qui, paradoxalement, on refuse la possibilité d’être candidat, parce que, n’ayant pas résidé sur le sol national au cours de trois dernières années qui précèdent l’année de l’élection ».

Plafond de 70 ans

« Le plafonnement de l’âge à 70 ans pour être candidat ne se justifie pas au regard, de l’expertise et de l’expérience accumulées de personnes matures », regrette la coalition.

Selon la coalition, depuis 2009, le pays placé entre les mains des jeunes de la Young-Team qui ont déclaré avec arrogance et suffisance : « on ne fait pas du neuf avec du vieux », est dans un état de déliquescence absolu qui a mené au coup d’Etat du 30 août 2023. En conséquence, le plafonnement de l’âge à 70 ans ne peut constituer une conditionnalité objective de candidature à l’élection  présidentielle.

Parler une langue du terroir

La CNR rappelle que l’Etat n’est donc pas fondé à se prévaloir de ses propres turpitudes. Pendant des décennies, depuis l’accession du pays à l’indépendance, l’Etat s’est agrippé à une solution de facilité, celle qui consiste à maintenir la langue française comme seule langue officielle, faisant du Gabon, le seul pays dans l’espace francophone à n’avoir aucune autre langue nationale officielle. Même dans les départements et territoires français d’Outre- mer, on a le créole en plus du français comme langue nationale officielle.

« En tout état de cause, cette disposition qui frise le ridicule n’a pas sa raison d’être », urge la coalition.

Amnistie des auteurs du coup d’Etat du 30 aout 2023

Pour la CNR, l’amnistie, faut-il le rappeler, relève du domaine d’une loi votée par le parlement ; elle s’applique au cas par cas. Amnistier, s’il en était besoin, les auteurs du coup d’Etat de 30 aout 2023, aurait pu donner lieu au vote d’une loi par le parlement de la Transition. L’amnistie dans tous les cas ne peut pas être consignée dans une constitution. Le faire reviendrait à courir le risque d’encourager la pratique des coups d’Etat au détriment des élections présidentielles.

Pour la C.N.R, imaginer d’intégrer ou d’adopter une telle disposition constitue une programmation intentionnelle et institutionnelle de l’instabilité politique au Gabon.

En conclusion, la CNR estime que si le projet de loi portant constitution de la République Gabonaise est adopté en l’état, l’élite gabonaise n’aura pas tiré les leçons du passé de son pays et aura délibérément décidé que le Gabon notre pays rame à contrecourant de l’histoire.

Antoine Relaxe

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