Gabon et Union africaine : le dégel ?

L’Union africaine est la dernière institution continentale qui a maintenu ses sanctions contre le Gabon plus d’un an après le coup d’Etat du 30 août 2023 qui a chassé le régime des Bongo du pouvoir. Samedi, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), le tchadien Moussa Faki Mahamat a été reçu en pompe au palais présidentiel par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, tombeur des Bongo.

Le président de la transition gabonaise a mis toutes les formes républicaines et militaires pour prouver à son hôte que le pays fonctionne à merveille.

Tapis rouge depuis le portail, honneurs militaires, audience dans le célèbre salon marocain du palais, conférence de presse, rien n’a été oublié ou fait au hasard.

« Je suis venu aujourd’hui exprimer le soutien de l’Union africaine aux autorités de la transition, m’enquérir des développements », a déclaré l’ancien patron de la diplomatie tchadienne devenu président de la Commission de l’Union africaine.

« Le Gabon a connu un changement il y a un peu plus d’un an et il a été suspendu de l’Union africaine. Mais la suspension ne veut pas dire manque de coopération avec l’Union africaine », a-t-il justifié durant la conférence de presse.

Moussa Faki Mahamat et Brice Clotaire Oligui Nguema © Com PR

« D’ailleurs dans la décision il a été demandé expressément à la commission d’accompagner ce pays au retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il poursuit.

« Ce qui caractérise la transition au Gabon, c’est son caractère inclusif et participatif », a fait remarquer Moussa Faki avant d’ajouter « nous l’avons constaté dans la composition des organes de la transition. Ce climat est apprécié ».

Autopsie de la situation politique

Avant l’arrivée au Gabon de Moussa Faki, une forte délégation du conseil de paix et sécurité de l’UA a séjourné dans le pays. Conduit par son présent, Ewumbue Monono, ambassadeur du Cameroun auprès de l’Union africaine, la délégation a fait une autopsie de la situation politique du Gabon du 30 août 2023, date du coup d’Etat, à ce jour.

« Le conseil de paix et sécurité de l’Union africaine vient de séjourner ici. Il en garde des souvenirs très favorables », a résumé Moussa Faki.

Perspectives favorables

Le président de la Commission de l’UA qui n’avait plus mis les pieds au Gabon depuis la prise du pouvoir par les militaires a vu poindre au Gabon des perspectives politiques favorables.

« Je constate que la constitution est déjà sur la table du parlement et que dans les semaines à venir, un référendum sera organisé pour l’adoption de la constitution », a-t-il dit.

Audience dans le salon Marocain du palais présidentiel © Com PR

« Ce sont des pas importants allant dans le sens du retour dans l’ordre constitutionnel et à l’Union africaine nous attendons avec impatience le retour du Gabon à la famille africaine », a-t-il espéré.

« Donc je suis venu exprimer et aux autorités et au peuple gabonais le soutien et la solidarité de l’Union africaine et voir qu’est-ce que la commission de l’Union africaine peut apporter comme accompagnement pour que le Gabon organise ses élections et revient dans sa famille », a-t-il conclu.

Les propos du président de la commission sont tombés comme un baume au cœur pour les autorités de la transition qui travaillent depuis des mois sur la fin des sanctions de l’organisation panafricaine contre le Gabon.

La communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a mandaté le président de sa Commission, l’angolais Gilberto Dapiedade Verissimo pour plaider en faveur du retour du Gabon dans la grande famille africaine.

Le commissaire Verissimo s’est rendu plusieurs fois à Addis-Abeba à cet effet. Libreville reste suspendue à la décision qui sera prise après la double visite du conseil de paix et sécurité ainsi que celle de Moussa Faki.

Carl Nsitou

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