La vie chère fait grincer les dents à Port-Gentil

Face à la flambée des prix de certains produits de grande consommation, les commerçants crient  »au secours » pour améliorer le panier de la ménagère à Port-Gentil particulièrement. Entre inflation, délestages, manque d’eau potable, la vie dans la capitale économique du pays  se corse davantage en cette période de rentrée scolaire. La soixantaine révolue, veuve Lucie Saphou , relate sa tendre enfance où il faisait bon vivre et où tout était moins cher quand elle avait ses 18 ans à Port-Gentil. 

« Avant le paquet de manioc coûtait 50 F.CFA à mon époque, la banane qui coûte aujourd’hui 2 000 F.CFA était à 100 F.CFA et le kilo de sardines était à 300 F.CFA. Vraiment on ne peut plus s’en sortir ! », se lamente la veuve Lucie Saphou avant d’ajouter que « le gigot de sanglier était à mon temps à 2 500 F.CFA, malheureusement dans la ville de Port-Gentil on ne peut plus s’en sortir. Pire, avec les éléphants qui ravagent les plantations c’est dur », regrette t-elle.

Sur les étals des marchés comme dans les grandes surfaces, les prix ont augmenté de façon vertigineuse. Spécialiste dans la vente de la friperie au marché du grand village de Port-Gentil, Jean-Luc Ibouanga peine à s’en sortir à cause du prix élevé du ballot de Jeans, polos, tee-shirts, robes, caleçons et bien d’autres.

« Avoir un Ballot de tee-shirts, il faut mettre au moins 300 000 F.CFA, ça c’est si tu veux avoir un léger bénéfice après vente. Tout ceci est devenu si cher à cause du transport », dit-il.

Dans un pays où le salaire minimum garanti est de 150 000 francs CFA par mois, de nombreux Port-Gentillais peinent à joindre les deux bouts. La hausse des prix alimentaires, qui s’ajoute aux autres dépenses courantes, est donc ‹‹ intenable ›› pour les ménages modestes.

« Entre 2022 et 2023 on achetait le capitaine, la dorade et j’en passe à 2 300 F.CFA avec les pêcheurs et nous en retour on le faisait à 2 800 F.CFA. Aujourd’hui, on nous le vend à 2 500 F.CFA et comme on vit que de ça voilà pourquoi le kilo de poissons coûte 3 000 de F CFA à Port-Gentil selon l’espèce », précise la poissonnière Berthe Imounga.

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Pour elle, « le problème est que le carburant et le transport ne baissent pas. Sur la ligne Port-Gentil-Omboué une glacière de poissons par exemple vaut 10 000 F.CFA. Si je l’envoie avec de la glace, je paye 7 000 F.CFA. Voilà pourquoi nous sommes obligés d’augmenter pour avoir des bénéfices. Ce sont les libanais qui sont allés gonfler les prix au Fernan-Vaz, et l’État n’a pas mis la main pour dire, stop ! ».

Cette montée des cours se répercute rapidement à Port-Gentil, très dépendant des importations pour de nombreux produits de grande consommation comme le riz, le blé, l’huile, la tomate etc. A titre d’exemple, le pays ne couvre même pas le un quart de ses besoins en riz avec la production locale. Le reste est importé.

« La tomate on la paye à 38 000 F.CFA la caisse, celle de l’oignon violet est à 108 000 F.CFA et le kilo à 1 500 F.CFA. Tous ces produits viennent du Cameroun, si on diminue la douane et les autres taxes tout reviendrait à la normal », propose la vendeuse de la Balise  »maman Nathalie.

En essayant à multiples reprises d’organiser les assises nationales de lutte contre la vie chère afin de ramener les prix des produits de première nécessité et de consommation courante à des niveaux appréciables, rien n’a changé jusqu’à ce jour à Port-Gentil et au Gabon en général. Accusés de plafonner les prix à leur guise, les commerçants se défendent et expliquent que ce phénomène est consécutif à plusieurs facteurs dont la pluviométrie, qui joue un facteur déterminant dans la croissance de nos aliments de consommation courante.

‹‹ En saison des pluies tout ça va encore changer, et certains produits coûteront encore plus chers que là ››, prévient  »maman Nathalie ». Accusée à tort ou à raison par les commerçants qui réclament depuis des décennies durant une mercuriale dont les prix devraient être respectés et suivis comme du lait sur le feu par les agents, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) accuse à son tour  l’intensification des impôts à la liste exhaustive de cette inflation des produits de consommation. Un avis apprécié par les commerçants avec beaucoup de réserve.

« Il y’a des pêcheurs qui font des dépenses de plus de 200 000 F.CFA. Si tu effectues de telles dépenses en allant à la pêche, en revenant qu’avec une seule cuvette de poisson, tu es obligé d’augmenter le prix. C’est comme ça que ça se passe », conclue Alphonse Djossou.

Selon un économiste contacté au lycée Joseph Ambouroue Avaro, la valse des étiquettes est d’abord la conséquence de la hausse des prix des matières premières. Notamment, les denrées alimentaires et les intrants agricoles sur les marchés mondiaux, résultat d’une combinaison de facteurs liés à la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Jean-Jacques Rovaria Djodji

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