Depuis plusieurs semaines, un climat de tension règne au sein de la Compagnie Minière de l’Ogooué (COMILOG), alors que l’entreprise est en pleine négociation triennale. La situation a été exacerbée par le dépôt d’un préavis de grève par un collectif de sept organisations syndicales. Ces derniers revendiquent des améliorations sur plusieurs points clés qui, selon eux, affectent la stabilité et l’harmonie au sein de l’entreprise.
Le premier préavis, déposé le 16 août 2024, a été refusé pour non-respect des normes du code du travail. Ce document n’avait pas été adressé à la direction générale, comme l’exigent les procédures en vigueur.
Un second préavis, cette fois-ci adressée en bonne et due forme à la direction générale, a été déposé le 20 août 2024. Dans ce dernier préavis qui court jusqu’au 2 septembre 2024 à 23h57, les travailleurs en colère demandent notamment, le départ de l’Administrateur directeur général de la Comilog.
Les autres revendications portent principalement sur des conflits inter-communautaires qui opposent les ethnies Bawandjis et Tékés; ainsi que des tensions entre travailleurs gabonais et étrangers. Certains syndicalistes estiment que les gabonais devraient occuper certains postes de responsabilités détenus par des expatriés. Ce qui a alimenté un climat de méfiance au sein de l’entreprise.
Un autre point crucial soulevé par les syndicats est le manque de communication, non seulement entre la direction et les employés, mais aussi au sein des différentes organisations syndicales. Il y a aussi les effectifs, jugés insuffisants par les travailleurs; ainsi que l’absence d’un plan d’accession à la propriété. Tous ces points sont au cœur des discussions actuellement en cours.
Selon les syndicats, les comités de carrière, autrefois représentant 13 % des effectifs et dont le travail est basé sur des notes de performance, sont aujourd’hui une source de frustration pour de nombreux employés.
Sensibilisation
Face à ces tensions, la direction générale de la Comilog a initié une série de sensibilisations sociales sur différents sites de l’entreprise, notamment à la direction ferroviaire des installations portuaires (DFIP), sur le plateau Bangombé, dans les laboratoires de la laverie modulaire de Moanda, au GTRA, au CIM (Complexe Industriel de Moanda), au CMM (Complexe Minier de Moanda); ainsi qu’à la base vie, à la zone industrielle et à l’Hôpital Marcel Abéké (HMA).
Lors d’une visite sur le site du CIM, André Massard, Directeur des relations publiques et de la communication, a appelé à une résolution pacifique des conflits internes.
« Les guerres ethniques n’ont pas lieu d’être car la Comilog appartient à tout le monde, et non à un groupe ethnique. Lorsque vous revendiquez, faites-le correctement, pas dans un climat de terre brûlée. Pensez au fait que nous sommes la première entreprise mondiale dans le secteur du manganèse, » a-t-il conseillé, tout en insistant sur l’importance de transmettre un héritage pacifique aux futures générations.
Il a également souligné que, malgré l’absence de dialogue perçu par certains, l’année 2023 a vu la tenue de 52 réunions. Preuve, selon lui, que des passerelles d’échanges existent bel et bien.
Sur le site de la zone industrielle, Mme Virginius Safi, directrice des ressources humaines, a assuré que les revendications des employés sont prises en compte.
« Les points énumérés dans vos revendications sont considérés, raison pour laquelle nous avons ces négociations triennales. Tous les points ont été abordés, et ce qu’il faut retenir maintenant, c’est l’amélioration de la communication. Notre véritable problème c’est l’information. Nous devons nous asseoir et discuter pour trouver ensemble des solutions, c’est pour cela que des réunions trimestrielles auront lieu « , a-t-elle concédé.
Depuis 2019, la COMILOG a embauché 643 gabonais. En matière de licenciements, le taux reste faible à 0,2 %, soit 44 personnes durant les 5 dernières années. Ces licenciements ont eu lieu pour faute grave ou lourde (alcoolémie, non respect des procédures de sécurité, absence injustifiées…)
La direction générale a également annoncé la signature de subventions pour 280 Gabonais et l’avancement de carrière en faveur de 230 employés, après une stagnation de quatre ans due à des évaluations de performances.
La date limite du préavis arrive à échéance le 2 septembre. L’administration espère que les négociations engagées aboutissent à des solutions satisfaisantes pour toutes les parties au grand bonheur de la Comilog, opérateur historique du secteur minier au Gabon.
Proposé par Tryphène Lembah, envoyée spéciale à Moanda
Merci de nous garder en actu, vous faites un superbe travaille .