La suspension du procureur de la république près le tribunal de première instance de Port-gentil, fait suite à la mesure en garde à vue, ‘’jugée cavalière’’ par sa hiérarchie, dans la nuit du 16 au 17 mai dernier, prononcée contre les responsables de la Direction générale de la société Pérenco. Le Procureur général près la Cour d’Appel judiciaire de Port-gentil, à l’origine de cette suspension, indique que le mis en cause « s’est rendu coupable de plusieurs fautes graves et a manifesté un comportement général incompatible avec celui qui gouverne le sacro-saint principe des magistrats du parquet à savoir, le principe de hiérarchisation et de subordination »
Il est reproché au Procureur de la république d’avoir auditionné et placé nuitamment en garde à vue les responsables de Pérenco, sans en informer sa hiérarchie et surtout, de s’être farouchement opposé à l’ordre de suspendre provisoirement ces auditions et de lever la mesure de garde à vue, jugée par le Procureur général « inopportune et contraire aux dispositions combinées des articles 35 et 36 du Code pénale ».
L’interpellation et le placement en garde à vue des dirigeants de Pérenco ne pouvaient en effet se faire, précise le Procureur général, uniquement sur la base d’un seul rapport disponible, sur les quatre (4) enquêtes commises pour faire la lumière sur l’explosion enregistrée sur la plate-forme de Bécunia de la société Pérenco.
Dans l’attente des rapports des trois (3) autres enquêtes en cours, il est donc à ce stade « difficile de caractériser tous les éléments de faits incriminants les mis en cause et par conséquent de dégager la responsabilité pénale individuelle. Dès lors, envisager une garde à vue alors même que les dirigeants de Pérenco présentent de sérieuses garanties de représentation, suppose un dessein inavoué », déplore le Procureur général.
A l’appui de cette suspension qui frappe le Procureur de la république de Port-gentil, pour laquelle la tutelle ministérielle a été saisie, le Procureur général rappelle que le Code de procédure pénale lui confère « l’autorité aussi bien sur l’ensemble des membres du ministère public que sur les officiers de police judiciaire du ressort de la Cour d’appel judiciaire de Port-gentil », estimant donc avoir agi dans le cadre de ses prérogatives.
Les enquêtes en cours visent à déterminer les responsabilités relatives à l’explosion enregistrée sur le site Bécuna de la société franco-britannique Pérenco Oil and Gas, le 20 mars 2024, occasionnant la mort de cinq (5) personnes, une (1) personne disparue et cinq (5) blessés.
Alph’-Whilem Eslie