L’installation de la nouvelle assemblée nationale, mardi 21 mai, en attendant la mise en place du sénat, une première dans ce pays, marque l’entrée du Togo dans la 5ème république, le faisant basculer du régime présidentiel au régime parlementaire. Dans la nouvelle constitution adoptée le 19 avril dernier, tous les pouvoirs seront concentrés entre les mains d’un président du Conseil des ministres. Ce rôle devrait échoir à Faure Essozimna Gnassingbé, au pouvoir depuis près de 20 ans. Il a succédé en 2005 à son père, Etienne Gnassingbé Eyadéma qui a régné sans partage sur le Togo durant 38 ans.
Dans la nouvelle constitution togolaise, promulguée le 6 mai dernier, l’élection présidentielle au suffrage universel a été supprimée. Le président de la république est élu par le parlement réuni en congrès. Il a un rôle honorifique, notamment celui d’accréditer les ambassadeurs, de décerner les décorations et de recevoir deux fois par an le président du Conseil des ministres.
C’est en réalité ce dernier -le Président du Conseil des ministres- qui exerce l’effectivité du pouvoir exécutif, avec notamment le pouvoir de dissoudre l’assemblée nationale. Il est désigné, sans limitation de mandats par le parlement réuni en congrès et son nom est transmis au bureau de l’assemblée nationale par le parti majoritaire, donc l’Union pour la république (l’UNIR), présidé par l’actuel chef de l’Etat, Faure Gnassingbé.
Au terme des législatives du 29 avril dernier, dont les résultats ont été fortement contestés par l’opposition et chahutés par de nombreux éditorialistes et observateurs sur le continent, l’UNIR s’en est tirée avec une écrasante majorité (108 députés sur 113), soit une portion congrue de 5 élus concédés à quatre formations politiques de l’opposition.
C’est donc une voie royale ouverte à Faure Essozimna Eyadéma, assuré d’hériter dans les prochaines semaines du fauteuil doré de président du Conseil des ministres et de rester advitam aeternam au gouvernail de ce pays d’Afrique de l’Ouest, dont des générations de jeunes et jeunes adultes n’auront connu que les Eyadéma au pouvoir.
Les dispositions transitoires de la nouvelle constitution du Togo précisent que pour l’entrée dans la 5ème république les institutions prévues, notamment le sénat, doivent être mises en place dans un délai de 12 mois. Dans l’attente, les institutions existantes dont le président de la république actuel restent en place.
Le temps nécessaire pour Faure Gnassingbé d’achever son mandat qui court jusqu’en 2025 et au terme duquel, il avait même encore le droit de briguer un dernier mandat de 5 ans à la tête du Togo, dont le destin sera désormais indéfiniment lié à celui de la famille et du clan Gnassingbé Eyadéma.
Les ‘’mauvais exemples’’ ou les ‘’bons’’ c’est selon, sont tellement bien suivis et imités sur le continent qu’il y a fort à parier pour de nombreux spécialistes de l’Afrique, qui ont du mal à faire le distinguo entre les coups d’états militaires aux coups d’états constitutionnels, que le cas togolais fasse très rapidement tâche d’huile.
Elliott Ana Merveille