Ce 12 mars 2024, le Parti démocratique gabonais (PDG) célèbre son 56ème anniversaire. Ce sera la toute première commémoration du genre sans que cette machine à « gagner » les élections fondée par Omar Bongo le 12 mars 1968 ne soit au pouvoir donc loin de l’appareil de l’Etat et tous les avantages qu’il en tirait allègrement.
Miné par les désertions en cascades et l’assèchement de tous les robinets d’où coulaient le lait et le miel, le PDG est-il actuellement un mort vivant ou un parti d’avenir ?
Le commandant du navire « à la dérive », l’actuel Secrétaire général adjoint 1 du parti, Luc Oyoubi serait le premier à croire que le PDG n’est pas à jeter dans les oubliettes. Il s’est résolu de battre le rappel des troupes, le 12 mars prochain, dans le cadre d’une grand-messe qui marquera à la fois le 56ème anniversaire et la reprise des activités de l’ancien parti au pouvoir, plongé dans un coma profond depuis le coup d’état du 30 août 2023, sonnant ainsi le glas d’un règne qui paraissait sans fin.
Groggy, hiérarques, militants et sympathisants du PDG avaient très vite déserté le siège du quartier Louis qui affiche désormais un paysage de néant et d’où ne filtrent depuis un moment que des cris de détresse d’un personnel livré à la précarité du fait des salaires impayés.
Capacités de mobilisation
Sur la note d’orientation relative à l’organisation de ce qui est appelé « assises d’autocritique et de refondation du PDG… » signée de Luc Oyoubi, on peut lire que lesdites assises vont notamment consister « à identifier les erreurs du passé qui ont conduit au changement de régime et à proposer des pistes de solution pour l’avenir… »
Si l’initiative et la démarche du Secrétaire général adjoint 1 peuvent paraître louables à première vue, d’aucuns ironisent sur les capacités actuelles de l’ancien parti au pouvoir à ratisser large, coupé qu’il est de ses principales sources de financement.
Au-delà de l’intention, on peut également questionner la volonté et la capacité des « pdgistes » à se lancer dans un exercice sincère d’autocritique et de remise en cause.
Luc Oyoubi, sera t-il réellement entendu ? On peut en douter à en juger par le rythme effréné des démissions enregistrées à Louis où par charrettes entières, de nombreux militants et pas des moindres quittent le navire, tout comme beaucoup d’alliés d’hier sont partis à la recherche de verts pâturages.
Quid du Distingué camarade président (DCP) ?
C’est avec beaucoup d’intérêt que l’opinion attend de connaître l’issue des discussions relatives à la question de la présidence du PDG, qui figure en bonne place sur l’agenda de travail des futures assises. Malade et impotent, Ali Bongo Ondimba, on le sait, n’est plus en mesure d’en assurer le gouvernail.
L’ancien parti au pouvoir, devra assurément se chercher et se trouver un Chef capable de remobiliser et de remettre les troupes en ordre de bataille, dans la perspective des futures élections en 2025.
Il faut trouver cet oiseau rare avant de s’attaquer à l’essentiel, le vaste chantier qui consiste à regagner les cœurs des gabonais, traumatisés et exaspérés par un demi siècle de gouvernance chaotique par l’ancien « parti-état ».
La posture de ce parti le 12 mars 2024 déterminera l’avenir du parti. Soit le navire continuera à prendre de l’eau et s’enfoncer davantage, soit il sera remis à flot pour des batailles futures.
Féeodora Madiba