Excepté le mois (avril 2024) et l’identité du futur président des travaux, l’Archevêque métropolitain de Libreville, Mgr Jean-Patrick Ibaba, l’opinion ignore presque tout des conditions de préparation et de déroulement, de l’agenda et des articulations du futur dialogue national, annoncé et inscrit par les nouveaux hommes forts du Gabon sur le calendrier de la transition.
Le récent séminaire gouvernemental du Cap estérais n’en a d’ailleurs pas donné plus d’indications, d’autant qu’un deuxième acte programmé devrait permettre au CTRI et au gouvernement de la transition d’épuiser les points de discussions relatifs à l’organisation des travaux du dialogue national.
À moins de deux moins de cette échéance capitale, scrutée aussi bien par les acteurs nationaux que par les partenaires extérieurs du Gabon, c’est peu de dire que face à l’omerta observé, l’inquiétude et toutes sortes de soupçons enflent.
Dialogue national inclusif et souverain ?
S’il ne fait l’ombre d’aucun doute que le dialogue national devrait être inclusif, à la lumière de l’annonce faite, il serait souhaitable que les organisateurs communiquent sur la date et le chronogramme exacts de ce rendez-vous crucial pour l’histoire politique, la vie et l’avenir de la nation.
L’exigence de transparence devrait s’étendre à l’agenda et le contenu des travaux. Qui doit participer ? Comment se dérouleront les travaux ? Les conclusions desdites assises seront elles imposables à tous ou de simples recommandations ?
Des questions préjudicielles, parmi tant d’autres, qu’il convient d’ores et déjà de soumettre à l’attention de la communauté nationale, afin qu’elles soient élaguées en amont, dans une sorte de consensus susceptible d’éviter que ne se produise un quelconque retard au démarrage des travaux du futur dialogue.
Grandes manœuvres, intrigues et opacité
L’exigence de transparence, dans la perspective de ce dialogue national n’a jamais été aussi pressante, d’autant que les conversations de salons et de maquis abondent et ne tarissent pas d’allusions au sujet de toutes sortes de calculs autour des prochaines assises.
De nombreux observateurs voient en effet dans le réchauffement des activités politiques (rentrées politiques à la chaîne, ruée vers la création de partis et associations politiques) comme la volonté des uns et des autres, tapis dans les hautes sphères du pouvoir notamment, de peser dans les discussions du prochain dialogue, influer sur ses décisions et en tirer au bout du compte les meilleurs gains dans l’optique des futures élections, notamment la présidentielle de 2025.
Lumière de l’Église
Vrai ou faux, il revient aux autorités de la transition de lever tous les doutes et soupçons, en communiquant davantage autour de toutes les préoccupations évoquées supra. Mais pas seulement.
Il est clair que cette fois-ci, tous s’accordent à dire que le futur dialogue ne doit pas être une concertation de plus, de trop, faites de discours oiseux et ponctuée par des conclusions sans suite.
Pour beaucoup, trop de temps a été consacré (presque 4 mois) aux opérations préalables, notamment la collecte des contributions -près de 27.000 à ce jour, alors même que la voix avait déjà été balisée par moult concertations sur des préoccupations identifiées depuis belle lurette.
Le mutisme et l’inaction -sauf si un travail de fourmis est en cours- de l’Église, notamment du président désigné des travaux du dialogue, Mgr Jean-Patrick Ibaba, n’est pas non plus pour installer la sérénité dans les consciences.
Le pragmatisme et le « parler vrai » de l’Archevêque métropolitain de Libreville et la lumière de l’Église sont vivement sollicités pour ouvrir enfin les portes de la cité promise et favoriser cet essor vers la félicité dont on glose tant.
Féeodora Madiba