Le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, répondant à une question d’un envoyé spécial de Gabonactu.com en Egypte où se sont tenues les assemblées annuelles du groupe de la BAD, a soutenu que les crédits carbones constituent une aubaine pour le PIB et surtout les investissements verts au Gabon, pays couvert à 88% par la forêt tropicale du bassin du Congo.
A travers son couvert forestier, le Gabon « rend des services énormes à la planète », a reconnu le patron du groupe de la BAD lors d’une conférence de presse de clôture de la 58ème assemblée annuelle du groupe à Charm El cheikh.
« Cela veut dire qu’en prenant en compte ces services, le PIB doit être réévalué et il doit être beaucoup plus important », a soutenu M. Adesina.
Selon lui, le ratio entre le PIB et la dette devait automatiquement être plus faible. Par conséquent, le patron de la BAD est convaincu que la dette ayant été compensée par les crédits carbones, le Gabon pourrait être éligible à « plus de ressources concessionnelles qu’il pourrait utiliser pour des investissements encore plus verts ».
Akinwumi Adesina a affirmé avoir rencontré il y a quelques mois à Libreville le ministre gabonais de l’Economie et surtout le président Ali Bongo Ondimba pour leur faire part de cette analyse. Il pense que Libreville doit ouvrir des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) et d’autres partenaires sur cette question cruciale.
« Le PIB du Gabon sur la base des services environnementaux que le Gabon fourni à la planète doit être réévalué », a-t-il insisté.
« Cela requiert des discussions avec le FMI et d’autres sur la méthode pour y parvenir. C’est quelque chose qui doit être fait », a-t-il martelé.
Le président de la BAD a cependant insisté que l’Afrique ne doit pas croiser les bras sur les crédits carbones générés par les forêts du bassin du Congo, 2ème poumon vert de la planète après l’Amazonie.
« Il faut une norme transversale pour calculer ces crédits et fixer le prix », a-t-il averti avant d’inciter le continent à « développer un marché du carbone au niveau continental pour s’assurer que les investissements se fassent ».
M. Adesina plaide pour la création en Afrique d’un marché d’échange du carbone. « Nous devons faire les choses entre nous. N’attendons pas que les autres le fassent pour nous », a-t-il urgé.
La 58ème assemblée annuelle de la BAD qui s’est tenue à Charm El Cheikh en Egypte du 22 au 26 mai 2023 avait pour thème principal : « mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».
Yves Laurent Goma