L’Ambassadeur Haut Représentant du Gabon en France, Liliane Massala a sollicité l’implication de la diaspora gabonaise de France dans le développement du Gabon tout en invitant ses compatriotes à plus de patriotisme et à privilégier l’intérêt général du Gabon, au-delà de toutes considérations.
Une volonté de la diplomate gabonaise qui prend ici le contre-pied d’une certaine opinion qui tend à vouloir confiner le rôle de la diaspora uniquement dans la contestation politique.
La diaspora gabonaise de France a toujours été l’épine dorsale du pays à travers les nombreux cadres qu’elle fournit ou encore les nombreux projets qu’elle entreprend. Plusieurs membres de la diaspora ont la volonté de mettre leur énergie, leurs compétences et leurs ressources au service du développement du pays.
Le gouvernement gabonais doit les encourager à diriger leurs efforts vers des projets créateurs de richesses et d’emplois, en particulier pour les jeunes.
Il s’avère que le cordon ombilical est coupé entre les autorités gabonaises et une bonne frange de sa diaspora.
Peu sont les personnalités en charge des questions extérieures (Ministres ou conseillers à la présidence) de passage dans les capitales africaines ou occidentales qui ont initié des rencontres avec leurs compatriotes de l’étranger. On prend souvent des cas isolés pour jeter l’anathème sur toute la communauté expatriée en occultant ses apports au pays. Cette vision de stigmatisation est contreproductive à la longue en semant les graines pour décourager les bonnes initiatives.
La diaspora gabonaise si elle est organisée et soutenue peut être source de créativité et de richesses pour le pays beaucoup plus que l’aide internationale dont nous sommes tributaires tout le temps. Les autorités gabonaises doivent corriger les erreurs du passé et rattraper le retard constaté à ce jour.
Un gouvernement quel qu’il soit qui n’intègre pas la composante diaspora dans sa politique commet immanquablement une erreur.
De fait les exemples abondent d’un engagement décisif des diasporas. Israël n’existerait pas aujourd’hui comme Etat ni n’aurait atteint son niveau actuel de développement sans une implication profonde de la diaspora juive. Plus près de nous en Afrique, le Rwanda doit son visage actuel à l’empreinte de sa diaspora dans les pays limitrophes et ailleurs dans le monde. Le Maroc semble un cas plus abouti que d’autres dans notre continent. Voilà un pays où les pouvoirs publics s’attachent depuis 1990 à renforcer les liens avec la diaspora dont elles entendent faire un véritable « accélérateur des changements en cours au Maroc ».
D’autres expériences, non moins intéressantes, se déroulent au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal. Il est souhaitable que le Gabon y trouve l’inspiration susceptible de l’aider tracer sa propre voie dans l’intérêt bien compris de la nation.
Il s’agit d’aller vers la diaspora, de se mettre à son écoute et de déterminer avec elle les modalités de son implication dans le développement du Gabon.
Lazar Moukoubidi