Me Anges Kevin Nzigou, un des avocats gabonais de Brice Laccruche Alihanga, ancien Directeur de cabinet du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, tombé en disgrâce puis jeté en prison depuis 17 mois pour malversation et détournement des biens publics, a annoncé jeudi sur le perron du palais de justice que les conseils du détenu risquent de ne pas plaider le 3 mai prochain à cause d’une procédure qu’ils estiment être biaisée d’avance.
Brice Laccruche Alihanga a brièvement comparu jeudi devant la cour correctionnelle de Libreville, la première comparution publique depuis qu’il a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale du Gros bouquet aussi appelée « Sans famille ».
L’audience a été renvoyée au 3 mai pour permettre aux clients de rentrer en possession du dossier. Devant la barre, Brice Laccruche Alihanga dit BLA a en effet affirmé qu’il ne savait pas pour quelle infraction il a été présenté devant le juge.
« Nous risquons de ne pas plaider car pour nous il ne s’agit pas d’un procès mais d’une exécution », a tranché Me Nzigou qui parlait en présence de Me Jean Paul Moumbembé, un autre avocat gabonais de BLA.
« Nous n’avons ni eu accès à notre client, ni au dossier », s’est il indigné dénonçant un procès dont l’objectif de départ est de condamner coûte que coûte son client.
Une source proche du tribunal de Libreville a confié à Gabonactu.com que la procédure à l’encontre de BLA est correcte. Dans le cas d’espèce, le juge peut demander à l’avocat de consulter le dossier de son client dans le bureau du juge et de prendre des notes sans qu’il lui soit autorisé le droit d’avoir une copie physique du dossier.
« Cette procédure est également appliquée dans le droit français dont s’inspire le droit gabonais », selon la même source qui estime que la stratégie de défense choisie par ces avocats risque de pénaliser leur client.
Il se dit que BLA est jugé pour faux et usage de faux. Son acte de naissance gabonais serait frauduleux. Sa naturalisation en tant que gabonais aurait été frauduleuse pour ce natif de Marseille en France.
Pour cette infraction, il risque jusqu’à 10 ans de prison, selon un juriste. Ce premier procès ne dispense pas l’ex homme fort de l’Etat gabonais durant l’année 2018-2019 d’un ou d’autres procès. Il pourrait également être jugé pour malversation et détournement des fonds publics. En cas d’une nouvelle condamnation, la peine qui sera appliquée est la peine supérieure. La loi gabonaise n’a pas prévu l’accumulation des preuves.
Pour l’infraction de détournement des fonds publics, BLA risque la prison à perpétuité, selon d’autres sources consultées par la rédaction de Gabonactu.com.
En prison depuis 17 mois, Brice Laccruche Alihanga a été interpellé dans le cadre de l’opération mains propres « Scorpion ». L’opération a été lancée suite à des graves soupçons de détournements massifs des fonds publics et de blanchiment des capitaux.
Certains gabonais dénoncent plutôt un règlement de compte qui cible Brice Laccruche Alihanga et ses anciens collaborateurs ainsi que des cadres de son mouvement politique l’AJEV (Association des jeunes volontaires émergents).
Plus de 30 hauts cadres dont d’anciens ministres ont été interpellés dans le cadre de ce scandale. Seuls deux anciens ministres ont été libérés : Noël Mboumba (Pétrole) et Roger Owono Mba (Economie).
Carl Nsitou