CNNII : la Direction appelle au dialogue, le personnel exige 8 mois d’arriérés cumulés de salaires de 2019 à 2021

Une très haute vague submerge la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII, compagnie d’Etat) depuis un mois.  Une partie du personnel a, non seulement, cessé de travailler, mais bloque aussi l’accès à tous quais de la compagnie à Libreville et à Port-Gentil. Motif : 8 mois d’arriérés de salaire. La direction a ouvert les négociations mais les grévistes campent sur leur position. Chronique d’une situation semblable à un casse-tête chinois.

Les statistiques officielles de la CNNII ne sont pas bonnes. Elles décrivent une entreprise exsangue en pleine saison de survie.

Tenez, selon des données obtenues par la rédaction de Gabonactu.com, la CNNII aujourd’hui ce sont 280 agents. 130 seulement il y a environ 7 ans. 160 millions de FCFA de masse salariale mensuelle. La compagnie n’a pas de bateau en état de navigabilité lui appartenant. Tous ses 8 navires sont sur calle. Elle fonctionne grâce à un bateau de location depuis avril 2020. Il s’agit du “Kassanga”

Comme un malheur ne vient jamais seul, le Kassanga est tombé en panne durant 5 mois entre octobre 2020 et mars 2021. La mort dans l’âme, la compagnie a survécu en mettant à flot une barge tractée par un remorqueur de location. Du vrai bricolage pour une entreprise de cette envergure…

Forte concurrence

Les difficultés de la compagnie sont étonnantes. La CNNII est héritière de la Compagnie de navigation intérieure (CNI) créée en 1978. C’est en 2013 que le Gabon a décidé de modifier le statut juridique de sa compagnie nationale en lui ajoutant un volet international. La CNNII est créée par ordonnance du président de la République, Ali Bongo Ondimba.

L’ambition présidentielle est noble mais l’œuvre semble avoir un goût d’inachevé. En effet L’ordonnance qui créée la CNNII n’a jamais été ratifiée par le parlement. Un handicap majeur sur le plan juridique pour la CNNII car la CNI n’a pas été proprement liquidée. La CNNII ne peut de ce fait pas jouir de la redevance de trafic que doivent payer les compagnies privées de transport naval opérant dans le pays pour financer sa mission de service public et les tarifs sociaux.

Mieux équipées et surement plus efficientes dans la gestion, ces compagnies privées livrent une forte concurrence à la CNNII.

Privée de bateaux propres et de la logistique nécessaire, la CNNII est actuellement incapable de boucler les salaires de son personnel en un mois. « Il faut deux mois de recettes pour payer un mois de salaire », a confié à Gabonactu.com une source proche de la direction.

D’une échéance à une autre, les arriérés de salaires se sont accumulés depuis 2019 pour atteindre 7 mois, selon la Direction générale. 8 mois, selon le personnel.

De mars 2020 à mars 2021, l’équipe actuelle au gouvernail a payé 10 mois de salaires sur 12. Le dernier a été payé à la mi-mars 2021. Cependant, l’héritage ou le passif est trop lourd. Et ce sont les effets de ce passif qui sont à l’origine de la discorde actuelle.

L’Etat n’a jamais jeté le bébé avec l’eau du bain

La loi des finances rectificatives de 2020 a prévu une ligne budgétaire d’un milliard  de FCFA pour remettre au moins un bateau de la CNNII à flot et aider à acquérir un nouvel équipement naval. A ce jour, le Sette Cama, navire emblématique de la compagnie est en cours de lifting à Port-Gentil. Sa livraison est imminente. Il pourrait être remis à flot dès juin sinon avant.

CNNII / Gabonactu.com
Les grévistes de la CNNII à Acae à Libreville  © Gabonactu.com

Coût de la réparation évalué à environ 350 millions de FCFA. La capacité du navire est de 350 passagers et 700 tonnes de fret. C’est ce navire communément appelé « Le bateau qui dort ».

Grace au reliquat du financement 2020 de l’Etat, la compagnie espère constituer un apport pour l’achat d’un autre bateau gros porteur ou tenter de réparer un ou deux autres de ses navires pour augmenter la productivité de l’entreprise. Et réaliser un chiffre d’affaires conséquent.

Dialogue intensif

La direction générale travaille à intensifier le dialogue direct avec le personnel. Après Libreville, Carl Ngueba, l’actuel Directeur général est descendu à Port-Gentil où depuis le 9 avril, le port est fermé à tout trafic. Il est allé dire aux grévistes de Port-Gentil que grâce aux négociations ouvertes par le ministre de tutelle, Brice Paillat, un protocole a été signé le 10 avril à Libreville. Le protocole engageait les parties à la reprise des activités afin que le ministre se tourne du côté du gouvernement pour trouver une solution à l’apurement progressif des arriérés de salaires et à la réforme pérenne de la CNNII. La situation est statique. La compagnie court le risque de couler si les protagonistes ne mettent pas un peu d’eau dans leur vain.

Carl Nsitou

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