Le Ministre du Pétrole Vincent de Paul Massassa a dans une interview accordée au terme de la 179e Conférence en visioconference de l’OPEP et de la 11e réunion de l’OPEP+ a indiqué que le Gabon va réduire sa production pétrolière de 23% pour contribuer à la stabilisation du marché mondial. Voici l’intégralité de l’interview par la communication de son département ministériel.
Vous venez de prendre part par visioconférence à la réunion de la Conférence des Ministres de l’Opep, de quoi était-il question ?
Vous vous souvenez que le marché pétrolier s’est totalement effondré au cours du mois d’avril 2020, l’Opep dans un effort de stabiliser le marché, avec la participation des pays alliés, élargissement appelé Opep+, en tête desquels la Russie, avait convoqué des rencontres au cours desquelles certaines résolutions ont été prises. Notamment celle concernant la réduction volontaire des quotas de production pour chacun des pays producteurs et chacun des pays participants. Cette résolution a pris effet le 1er mai 2020. Il était donc question de faire un point d’étape pour regarder la réaction du marché par rapport à cette décision qui est une décision historique.
Ce point d’étape est-il satisfaisant ? Laisse-t-il présager des lendemains meilleurs pour le marché pétrolier ?
Nous avons remarqué que le baril qui était descendu jusqu’à 20 dollars voire en deçà en avril a été stabilisé. Et aujourd’hui les prix sont remontés jusqu’à frôler les 40 dollars. Les indicateurs que nous avons par rapport à l’observation du marché nous amènent à nous féliciter par rapport aux résolutions prises. Il est donc nécessaire pour nous de continuer à veiller au respect des engagements et de nous assurer des impacts positifs de nos résolutions. Et bien entendu voir s’il y a lieu d’améliorer notre stratégie.
Au-delà de la réduction des quotas de production, il sied de renforcer cette stratégie qui porte des fruits. Aussi l’effort demandé aux pays de l’Opep et à nos alliés devrait-il se poursuivre pendant le mois de juillet et peut-être même jusqu’à la fin de l’année 2020. Nous devrions ainsi nous retrouver régulièrement pour ajuster si nécessaire la stratégie adoptée de façon consensuelle afin d’atteindre les objectifs escomptés.
L’Opep a également tenu une réunion avec ses alliés. Quels sont ces pays qui forment aujourd’hui ce qu’on appelle l’Opep+ et quel est leur apport dans la stratégie mise en place pour stabiliser le marché ?
Parmi les alliés de l’Opep, on peut citer la Malaisie, le Kazakhstan, le Soudan du Sud… et notamment la Russie. L’apport de ces pays est important voire capital. Comme on peut le constater, le marché pétrolier n’est pas seulement gouverné par les pays membres de l’Opep. D’autres gros producteurs qui y jouent un rôle important ne font pas partie de l’organisation. Mais ayant compris que nous avons une destinée commune, nous avons jugé nécessaire de nous retrouver. Les secousses que subit le marché touchent tous les pays, qu’ils soient de l’Opep ou non. Alors nous sommes condamnés à travailler ensemble pour trouver des stratégies permettant de stabiliser le marché sinon nous subirons ensemble.
Quelle est la contribution du Gabon concernant les résolutions prises par l’Opep afin de stabiliser le marché pétrolier ?
Le Gabon en tant que pays producteur de l’Opep a souscrit à cette réduction volontaire de production. Il faut reconnaître que, pour ce qui est du Gabon aujourd’hui, notre production vient des champs dits mâtures. Entendu par là des champs qui ont montré tout leur potentiel et qui pour la plupart sont en phase de déclin. Il faut comprendre que pour ces champs, la production n’est assurée que grâce à des travaux. Lorsque ces travaux sont suspendus ou arrêtés, c’est le déclin naturel qui reprend son cours. Donc la baisse de production in fine.
Pour ce qui est de l’année 2020, avec les opérateurs qui sont sur le bassin sédimentaire gabonais, il y a lieu aujourd’hui de reconnaître que la plupart des travaux, eu égard au confinement imposé par la pandémie liée au Covid-19 et à la chute des prix sur le marché, ont été suspendus ou purement et simplement annulés pour l’année. Conséquence : la production attendue ne sera pas au rendez-vous. Et il va sans dire que cela participe à l’effort de réduction que notre pays entend présenter à l’Opep pour atteindre son quota journalier de réduction qui est de l’ordre de 23%.
Source: Com du MPGH