La BEAC doit financer l’industrialisation de l’Afrique centrale

Adama Ekberg Coulibaly@Gabonactu.com

Ndjamena, 19 septembre (Gabonactu.com) – La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), doit jouer un rôle capital dans le financement de l’industrialisation des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) dont elle gère la monnaie commune, le FCFA, a estimé mercredi à Ndjamena Adama Ekberg Coulibaly, chef économiste, chargé des questions de diversification de l’économie auprès de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Adama Ekberg Coulibaly, détaché par la CEA de son siège d’Addis-Abéba (Ethiopie) pour son bureau régional en Afrique centrale, a fait cette déclaration dans un entretien exclusif à Gabonactu.com à l’occasion de la tenue à Ndjaména au Tchad de la  34ème session du comité intergouvernemental des experts sur « le financement de l’industrialisation en Afrique centrale ».
« La BEAC doit créer des lignes de crédit spécifiques pour financer l’industrialisation dont la région a besoin pour son réel décollage économique », a urgé M. Ekberg Coulibaly.
« Ces lignes de crédit peuvent générer un effet multiplicateur illimité dans la région concernant la création des emplois  durables et des richesses », soutient l’expert onusien.
L’expert suggère de partir du plus simple au plus complexe. Le plus simple serait de financer d’abord les micro-industries,  c’est-à-dire les petites unités de transformation des produits locaux notamment agricoles. Ces unités impacteraient les jeunes et les femmes qui sont véritablement les forces productives qui n’attendent que des opportunités pour sortir de la pauvreté.
« Le succès des micro-industries impulserait la création des industries plus sophistiquées donc nécessitant des financements lourds », a-t-il ajouté.
« De façon endogène, les pays de l’Afrique centrale doivent comprendre qu’ils disposent de tout. Ces pays ont tous les intrants pour assurer leur industrialisation. Ces intrants sont le capital humain, les matières premières comme le pétrole, les minerais et les ressources forestières. Ils disposent aussi des ressources financières. Pas besoin d’attendre tout des occidentaux, de la Chine ou des Etats unis d’Amérique », a martelé le chef économiste à la CEA une façon de battre en brèche la propension des africains d’avoir recours à des emprunts extérieurs.
« Les financements se trouvent chez nous mêmes », a-t-il insisté en indiquant qu’il suffit aux pays de l’Afrique centrale d’impulser une véritable dynamique pouvant conduire à un changement de mentalité.
Au-delà des financements de la BEAC, l’Afrique centrale peut aussi compter sur le secteur privé pour financer son industrialisation.
La stratégie, selon l’expert, est de soutenir les champions nationaux avec des ressources qui les permettront de financer l’industrie.  Les conditions dans ce cas sont la création d’un environnement incitatif  et attractif pour les investisseurs. « Garantir leur retour sur investissement par une fiscalité moins pénalisante attirerait davantage d’investissements », estime-t-il.
Concernant les financements extérieurs, l’Afrique centrale peut miser sur les « fonds verts » mis en place au niveau mondial pour encourager les industries moins polluantes.  « Ces fonds verts permettront à l’Afrique centrale de financer des nouveaux projets structurant et innovant », souligne-t-il.
Adama Ekberg Coulibaly qui n’exclut pas, cependant, un apport financier des pays occidentaux ou des partenaires traditionnels au développement. Il est l’un des nombreux experts réunis à Ndjamena sous l’égide de la CEA pour réfléchir sur le financement de l’industrialisation en Afrique centrale, une région très riche en matières premières mais qui importe quasiment tout pour la survie de sa population. Toutes les initiatives d’industrialisation lancées après les indépendances ont brillamment échoué.
 

Yves Laurent GOMA

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