Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Exclus sans surprise du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 48 ans) pour leurs idées anticonformistes au sein du parti créé par Omar Bongo Ondimba, les députés Alexandre Barro Chambrier, Michel Menga et Jonathan Ignoumba sont désormais surveillés comme de l’huile sur le feu. Tout le monde veut savoir ce qu’ils feront de cette exclusion qui sonne pour eux comme un véritable coup de pousse pour leur avenir politique.
Les trois exclus surfent depuis plusieurs mois déjà sur deux hypothèses : s’allier à un candidat de l’opposition, de préférence Jean Ping qui suscite une vague de sympathie ou présenter leur propre candidat à la prochaine élection présidentielle pour défier leur désormais ex distingué camarade, le président du PDG, Ali Bongo Ondimba, candidat à sa propre succession.
Ce choix ne tardera pas à se faire connaître. Une réunion d’urgence convoquée nuitamment juste après la publication de la décision de leur radiation du PDG aurait servi de remodeler le discours que ces leaders livreront au public ce jeudi à la mi-journée.
Ils auraient aussi évoqué la tenue vestimentaire à arborer à cette occasion pour ne plus faire l’amalgame avec leur ancien parti qui leur a interdit la jouissance de tous les droits acquis au nom de cette formation politique.
Il se susurre que Barro Chambrier et ses lieutenants avaient déjà tout prévu. Un lot de T-shirt aux couleurs d’une association politique serait disponible dans des dépôts quelques part dans la ville.
RAPPEL DES FAITS
On rappelle que le feu couvait depuis longtemps au sein de l’ancien parti unique. Le 27 Juin 2015, Alexandre Barro Chambrier et Michel Menga associés à plusieurs députés et anciens ministres créent un courant baptisé Héritage et Modernité. Comme des opposants radicaux, ils accusent Ali Bongo Ondimba et son entourage de mal gérer le pays. Au passage, ils réclament un congrès du parti pour laver le linge sale en famille.
Pour calmer la tempête qui secoue le navire PDG, Ali Bongo décide de dissoudre toutes les tendances au sein du parti qui a maintenu Omar Bongo au pouvoir durant 41 ans. Le Mouvement pour Ali Bongo Ondomba (MOGABO), créé pour soutenir son action baisse ses armes. Héritage et Modernité fait de la résistance.
En février dernier, Michel Menga est nommé porte parole du parti. L’ancien ministre rejette l’offre.
La crise s’aggrave lorsque le 29 février Ali Bongo annonce sa candidature pour un second mandat de 7 ans. Le courant Héritage et modernité est en colère. Le divorce est presque consommé. Ce qui était redouté est arrivé. Le film ne fait que commencer.
Martin Safou