Première interview de BLA après sa libération : poignante et glaçante

Quelques heures après sa libération, Brice Laccruche Alihanga (BLA) a reçu à son domicile quelques médias triés sur le volet dont Gabonactu.com. Amaigri, frêle mais parfaitement lucide, l’ancien Directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba jeté en prison le 13 décembre 2019 livre un témoignage glaçant sur ses 4 années de détention à l’isolement total. Il révèle pour la première fois les raisons de sa disgrâce et de sa chute brutale du pouvoir. Il évoque enfin l’espoir né de la libération du Gabon par son armée. Lecture !

Gabonactu.com : quel sentiment vous anime quelques heures après votre libération ?

BLA : Aujourd’hui est un jour glorieux. Glorieux parce que je suis un homme libéré dans un pays libéré. Il y a 4 années de cela j’ai été embastillé, emprisonné, mis à l’isolement total dans une pièce de 3 m² avec tous ceux qui étaient réputés être proches de moi incluant ma famille dont mon propre frère pour des motifs fallacieux et par une justice instrumentalisée.

D’ailleurs les Nations unies qui avaient enquêté sur les raisons de mon arrestation avaient après une enquête minutieuse et sur la base d’une procédure contradictoire avec les autorités gabonaises de l’époque ont conclu d’une part, que mon arrestation ne reposait sur aucun fondement ainsi que celles de mes codétenus. D’autre part au vu des vices de forme dans les différentes procédures et des tortures subies, les faits étaient d’une telle gravité qu’ils empêchaient la tenue de tout procès équitable. Les Nations unies recommandaient notre libération immédiate.

Confrontation avec Sylvia Bongo

Bien entendu, le pouvoir d’antan faisant fi de toute convention avec les organisations internationales n’avait pas répondu à cette demande des Nations unies et au contraire avait relancé une campagne dilatoire à mon encontre via des médias à la solde de l’ancien porte-parolat de la Présidence.

Aujourd’hui est un jour également glorieux parce que j’ai pu être confronté à ce que certains appellent mes anciens bourreaux et pu livrer en toute sincérité la vérité.

Les raisons du désamour avec Sylvia Bongo et Noureddin Bongo

La raison pour laquelle j’ai été mis au secret durant 4 années est toute simple et limpide. Elle tient en 3 points.

Le premier c’est qu’à un moment donné je me suis opposé à la gabegie galopante de l’ancienne première dame et de son fils ((Sylvia Bongo et Noureddin Bongo, NDLR)

Le 2ème est qu’au vu de l’état physique de l’ancien chef de l’Etat (Ali Bongo Ondimba, ndlr), j’ai suggéré à plusieurs reprises, dont une de trop, qu’il puisse se mettre en retrait de la vie politique et se reposer. Se fut ma 2^ème erreur. Je dirai pour simplifier le 2^ème clou planté sur ma croix.

Le 3ème et dernier point est que je me suis opposé avec force à la volonté affirmée de l’ancienne première dame et son fils de prendre le pouvoir au Gabon et ce par tous les moyens possibles. D’ailleurs vous noterez que les récents événements d’août 2023 ont confirmé que j’étais quelque part dans le vrai. Tout ceci est derrière moi.

Oligui Nguéma et ses hommes

Aujourd’hui est surtout un jour glorieux parce que l’Éternel a étendu ses mains sur le Gabon. Il a utilisé comme instrument le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema ainsi que l’ensemble des forces de défense et de sécurité pour libérer le Gabon sans aucune effusion de sang. Pour cela je bénis l’Eternel et je remercie le Président de la Transition le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.

49 KG perdus en prison

Vous pouvez le constater à mon état physique actuel, je pesais avant ma mise à l’isolement total, 106 kilos j’ai été pesé avant-hier à 57 kilos. J’ai perdu à peu près la moitié de ma masse corporelle. Je remercie donc le Général Oligui Nguema parce que les projets du pouvoir d’antan étaient plus funestes à mon égard. 

Projet d’avenir

Aujourd’hui je me tourne vers l’avenir. Ma priorité avant tout est de pouvoir faire le point sereinement de mon état physique, car aujourd’hui personne ne saurait dire ce qu’il en est vraiment et j’aimerais pouvoir me rétablir progressivement.

La Bible comme lumière

Je ne saurai dire que la seule lumière que j’ai eu durant ces 4 années d’isolement total est celle de notre seigneur et je citerai pour conclure le livre d’Habacuc en son chapitre 2 : « l’éternel m’adressa la parole et me dit : écrit la prophétie et grave là sur la table afin qu’on la lise couramment car c’est une prophétie dont le temps est déjà fixé. Elle marche vers son terme et elle ne mentira pas. Si elle tarde, attend là car elle s’accomplira. Elle s’accomplira certainement ».

Vive la République ! vive la nation renouvelée ! que l’éternel bénisse le Gabon !

Propos recueillis pour Gabonactu.com par Yves Laurent GOMA