Le président de la Transition au Gabon, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma a brisé une vielle tradition des chefs d’Etat au Gabon. Il est peut-être le premier à réserver son premier voyage à l’étranger dans un pays de la sous-région.
Ce mardi, Brice Clotaire Oligui Nguéma est arrivé à Malabo, capitale politique de la Guinée Equatoriale. Selon des images retransmises en direct sur les réseaux sociaux, le nouvel homme fort du Gabon a été accueilli par une explosion de joie. L’on aperçoit des personnes courir hurlant de joie dans l’espoir d’apercevoir le militaire qui a déposé le régime demi centenaire des Bongo (père et fils) sans verser une goutte de sang.
Premiers pas diplomatiques
Omar Bongo Ondimba réservait ses premiers voyages officiels à la France. Son fils Ali Bongo est souvent allé en Chine.
Le général Clotaire Oligui Nguéma a choisi la Guinée Equatoriale pour des raisons évidentes. Teodoro Obiang Nguéma était un fidèle d’Omar Bongo. Du temps d’Ali Bongo, les relations entre les deux pays étaient en trompe l’œil. Deux dossiers pourrissaient la coopération bilatérale. Le premier était la présence en continue des militaires espagnoles en territoire gabonais. Ils avaient pour base l’hôtel Mont de Cristal.
Obiang Nguéma estimait qu’il s’agissait des forces spéciales espagnoles qui préparaient certainement un coup tordu contre son palais.
Ali Bongo ripostait que ces soldats faisaient partie des forces de l’Union européenne pour la paix et la stabilité en République centrafricaine. Des explications peu convainquates pour Malabo.
Le second dossier est celui de Mbanié. Libreville et Malabo se disputent depuis les années 70 la souveraineté de l’île Mbanié et les ilots cocotier et Conga réputés riches en pétrole et en poissons. Les deux pays ont confié ce dossier à l’ONU pour un arbitrage.
Oligui Nguéma par ce déplacement tente probablement de redonner une nouvelle dimension à ces dossiers. Dans tous les cas, les militaires espagnoles ont déjà vidé l’hôtel qu’ils avaient privatisé durant plusieurs années.
CEEAC
Après le coup d’Etat dit salvateur du 30 août 2023 au Gabon, l’une des institutions qui a pris les sanctions les plus sévères contre le Gabon est la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Libreville a vu le siège de l’institution d’intégration régionale délocalisé vers Malabo. Le Gabon a automatiquement perdu la présidence tournante de la CEEAC au profit de la Guinée Equatoriale.
Le personnel de la CEEAC a déjà été entamé le déménagement de Libreville vers Malabo en attendant le retour à l’ordre constitutionnel au Gabon.
Le dossier CEEAC sera probablement au cœur du plaidoyer d’Oligui Nguéma auprès de Teordoro Obiang Nguéma.
Carl Nsitou