Une douzaine de syndicats a supplié dimanche les parlementaires gabonais (députés et sénateurs) de ne pas se précipiter à adopter le projet de Code de travail soumis à leur examen mais plutôt de le rejeter car il n’est pas le fruit du consensus obtenu avec les partenaires sociaux lors de son élaboration mais un diktat des employeurs.
« Nous tenons à préciser que la monture adoptée par le Gouvernement puis transmis au Parlement n’est pas le fruit d’un consensus entre les partenaires sociaux comme annoncé mais plutôt l’expression de la volonté unilatérale du ministère du travail qui est même allé à l’encontre des points d’accord entre le groupe d’employeur et le groupe travailleur », précise les syndicalistes dans leur déclaration lue par leur porte-parole, Aude Leaticia Mapenda.
Ces syndicalistes en colère estiment que quasiment aucune disposition nouvelle contenue dans ce code n’apporte une plus-value aux conditions des salaries, au contraire ils voient leurs droits reculer et leurs libertés aliénées.
Les syndicats pointent plusieurs dispositions rétrogrades dans le texte soumis aux parlementaires. C’est par exemple le cas de la diminution des droits de la femme allaitante dans une société qui prône la décennie de la femme, la fragilisation et la mise en précarité des travailleurs, la non protection des salariés pendant les grèves, la mise à mal du droit des syndicats, la dépénalisation des articles qui interdisent la discrimination des travailleurs et le harcèlement des syndicats
Les syndicalistes déplorent également la modification de l’objet de la grève dorénavant limitée aux revendications soumises préalablement à l’employeur au mépris de la convention numéro 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndicale. Cette situation « rendrait illicite les grèves générales ou nationales dont les revendications sont soumises au gouvernement », selon eux.
Le nouveau code supprime des droits acquis des travailleurs en contrat de mission selon la loi 20/2007 du 15 juin 2008, il fragilise le contrat dit CDD dont la rupture peut être notifiée aux délégués du personnel et non plus exclusivement aux travailleurs concernés il consacre la superpuissance des employeurs qui peuvent dorénavant décider du licenciement du travailleur pour tout motif non réel et non sérieux laissé à leur appréciation
Le nouveau texte légalise, selon eux, l’utilisation abusive de la main d’œuvre étrangère expatriée pour les activités dites de « grands chantiers ».
« Plus de limitation de quotas, plus d’exigence de technicité non disponible …. En d’autres termes, priorité de l’emploi aux étranger expatriés sur l’ensemble des grands chantiers de développement de tous les secteurs d’activités du Gabon », suffoquent-ils.
« Nous demandons humblement aux honorables députés et aux vénérables sénateurs, vu le temps qui leur est imparti avant la fin de la présente session parlementaire prévue le 30 juin 2021, de ne pas se précipiter à légiférer, mais de bien vouloir rejeter ce projet de loi et renvoyé le gouvernement à la discussion avec les partenaires sociaux dans l’intérêt supérieur de la nation », recommandent les syndicats.
A cet effet, les syndicats annoncent qu’ils remettront un mémorandum au Président de l’Assemblée Nationale et au Président du Sénat ce lundi 21 juin 2021.
Les syndicats signataires sont : La Confédération Gabonaise des Syndicats Libres (CGSL), l’Organisation Nationale des Employés du Pétrole (ONEP), le Syndicat National des Etablissements de Crédits (SYNEC), le Syndicat National des Travailleurs de l’Eau et de l’Energie (SYNTEE+), le Syndicat des Agents Comilog (SYNAC), le Syndicat National des Travailleurs des Industries Extractives (SYNATIEX), Le Syndicat Libre des Travailleurs de Comilog (SYLTRAC), le Syndicat des Mines et Industries du Gabon (SYMIGA),le Syndicat des Mines et Industries Comilog (SMIC), le Syndicat National des Travailleurs de Rougier Gabon (SYNTRARGA), le Syndicat National des Agents de la CNSS (SYNA-CNNS) et le Syndicat National des Dockers (SYNADO).
Betines Makosso