Blaise Wada sous le feu des questions du président de la Cour et des avocats de la partie civile @ Gabonactu.com
Libreville, 15 mars (Gabonactu.com) – Blaise Wada, ancien coordinateur général de l’Unité de coordination des études et des travaux (UCET), un programme d’assainissement de Libreville est poursuivi pour un détournement de fonds publics d’une valeur de 1,765 milliard de FCFA, selon le chef d’inculpation lu à l’ouverture de l’audience par le président de la Cour criminelle spéciale (CCS), Paulette Ayo Akoly.
Chemise blanche, cheveux et barbe bien rasés, lunette d’intellectuel, Blaise Wada est arrivé très détendu dans la salle d’audience de la Cour criminelle spéciale qui a fait le plein de monde. Entouré de ses 3 avocats conseils, l’ex homme fort qui avait pour mission de faire oublier les inondations à Libreville a apporté devant la barre 3 grosses enveloppes contenant les pièces nécessaires pour assurer sa défense.
Prévue pour démarrer à 9h30, l’audience criminelle a débutée à 10h30. Face à ses juges, Blaise Wada s’est montré déterminé à prouver son innocence. Paulette Ayo Akoly, un peu perdue dans la lecture du chef d’inculpation truffé des chiffres dont l’unité de mesure de base est le milliard a, de son côté, démontré la profondeur de son métier. Elle a multiplié les questions pièges sur les comptes bancaires de l’UCET. Blaise Wada avait déclaré durant l’instruction que l’UCET n’avait qu’il seul compte. Devant la barre, il en a reconnu deux.
« On ne m’avait jamais posé la question », s’est il dédouané. Mais la suite s’est révélée difficile. « Décrivez-nous votre patrimoine », demande Mme Ayo Akoly.
« J’ai un Motel à Bakoumba. Jusqu’à mon arrestation j’avais deux contrats de location de deux hôtels à Moanda », répond l’accusé mitraillé sur ses revenus personnels entre 2011 et 2017. Blaise Wada qui cumulait plusieurs fonctions avoue avoir perçu plusieurs salaires au même moment. Un salaire de directeur, un salaire de coordonnateur général de l’UCET, un salaire pour chaque projet géré par l’UCET. « Mais vous êtes agents de l’Etat. Pourquoi autant de salaires ? », interroge le président. Sans hésiter, l’accusé explique que c’est la nature des projets.
L’audience s’emballe sur l’examen des comptes bancaires privés de l’accusé. Des versements effectués par des proches et une administration parapublique. « Ce sont des rappels de mes émoluments », explique l’accusé qui a du mal à convaincre. « Faites le calcul et cela tombe juste », soutient-il.
Les avocats de l’accusation entrent dans la danse. Ils appuient là où ça fait mal. « Un agent public peut-il faire des affaires », demande un avocat. « J’en ai le droit », répond-il. Les avocats soulèvent des preuves de collusion entre le coordonnateur de l’UCET et des patrons d’entreprises qui ont travaillé pour l’UCET. L’accusé reconnait avoir fait des affaires avec un patron qui a bénéficié d’un marché de l’UCET mais après la livraison du chantier de l’UCET.
« Avez-vous un taxi, des taxis ou des véhicules à usage commercial ? » demande un avocat de l’accusation. « Non », répond l’accusé.
« L’audience est suspendue pour entendre des témoins et d’autres personnes susceptibles d’apporter la lumière. On entendra le 20 mars Mme Wada et …. », déclare Mme Ayo Akoly.
Blaise Wada murmure « j’ai des taxis ». L’audience est suspendue. Elle reprendra le 20 mars à 9 heures.
« Mon client n’a pas détourné 1,765 milliard de FCFA. L’argent a été bien géré. Il y a des preuves », a déclaré Martial Dibangoyi Loundou, avocat de Blaise Wada.
« L’affaire est passée en instruction, nous avons des arguments. Toujours est-il que tout détournement de plus de 250 000 FCFA est passible de la prison à perpétuité », a enfoncé Bertrand Homa Moussavou, avocat de l’Etat.
Blaise Wada risque la prison à perpétuité.
Yves Laurent GOMA