Yahya Jammeh a pris la route de l’exile

 

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Yahya Jammeh, le désormais ancien président gambien a pris samedi soir la route de l’exile à bord d’un Falcon 900 dans lequel il a été « embarqué » par le président de la Guinée Conakry, Alpha Condé venu le sauver, in extremis, du déluge de feu concocté par le Sénégal et plusieurs soldats de la CEDEAO.

 

Beaucoup d’habitants de Banjul ont tenu à vivre les derniers instants dans le territoire de leur ancien dirigeant mal aimé. Ils sont allés faire le Saint Thomas à l’aéroport international de Banjul où l’attendait le Falcon 900 du président guinéen.

 

Le moment était tellement historique que beaucoup des proches de celui qui a dirigé le pays d’une main de fer durant 22 ans ne voulaient le manquer.

 

Les gambiens ont retenu leur souffle toute la journée de samedi. L’allocution télévisé la nuit dernière durant laquelle Yahya Jammeh a accepté de quitter ses fonctions ne rassurait personne. Jammeh est tellement imprévisible. Imprévisible comme ce 2 décembre 2016 lorsqu’il téléphone le vainqueur du scrutin présidentiel Adama Barrow pour le féliciter de sa victoire et promet lui remettre les destinées du pays. Par cet acte, Yahya Jammeh surprend le monde entier. Y compris ses propres compatriotes qui n’y croyaient pas. C’est le concert des Klaxons dans tout le pays. Les gambiens fêtent la fin de la « dictature ».

 

Coup de théâtre, Yahya Jammeh fait volte-face. Il annonce le 20 décembre qu’il ne reconnait pas les résultats du scrutin. Dénonce des irrégularités et annonce qu’il gardera son fauteuil. Le monde entier est en émoi. Il surprend à nouveau la communauté internationale qui ne lui pardonnera jamais. Les pressions diplomatiques sont doublées des pressions militaires. Les troupes de la CEDEAC sont aux frontières. Le feu brûle ses pieds, ses fesses et désormais sa tête. Alpha Condé le sauve.

 

Jurisprudence

 

L’histoire de l’Afrique vient d’enregistrer un cas d’école. Une jurisprudence. Une leçon de bonne gouvernance et de démocratie. Jammeh a été cerné par des pays où les élections se sont bien passées. D’abord au Bénin, pays du Secrétaire général de la CEDEAO, Marcel Alain De Suza. Le Secrétaire général de la CEDEAO a tiré la légitimité de sa fermeté grâce au succès de la dernière élection présidentielle qui a vu l’ancien président Thomas Yayi Boni remettre le pouvoir à son successeur Patrice Talon. L’alternance au pouvoir est d’ailleurs une tradition au Bénin.

 

Ensuite le Sénégal. Macky Sall est arrivé au pouvoir après avoir chassé Abdoulaye Wade par les urnes. Il y a aussi le rôle du Nigeria où Mohamed Buhari a succédé par les urnes à Goodluck Jonathan. Tous ces présents dont l’arrivée au pouvoir ne souffrait d’aucune contestation, ont eu les coudées franches pour ordonner à Yahya Jammeh de céder sa place. Et Yahya Jammeh est tombé.

 

Adama Barrow, le vainqueur du scrutin du 1er décembre dernier pour sa part, quittera son exil sénégalais pour aller à Banjul occuper le fauteuil laissé vaquant par son imprévisible prédécesseur.

Daniel Etienne

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