Au cours d’une conférence de presse, ce mardi à Libreville, le Président d’Ensemble Pour le Gabon (EPG), Alain-Claude Bilie-By-Nzé, a remis une couche sur son exigence maintes fois réitérée en faveur de l’annulation des élections couplées, législatives et locales, dont le 1er tour a eu lieu samedi dernier. Le tolet et le chahut suscités par les résultats provisoires desdites élections, annoncés et réajustés, lundi par le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hermann Immongault, font installer dans l’esprit d’Alain-Claude Bilie-By-Nzé un sentiment de ‘’désillusion’’. Selon lui, les espoirs nés du coup d’Etat du 30 août 2023, perçu comme une promesse forte, celle d’un nouveau départ pour le Gabon, avec le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), comme garant d’un avenir démocratique, juste et digne, s’effondre. « Une attente aujourd’hui confrontée à une réalité beaucoup plus brutale », croit-il savoir.
Alain-Claude Bilie-By-Nzé, accuse sans fioritures le pouvoir de « fraude d’Etat d’une ampleur inédite » dans ces élections, dont les résultats ne cessent de déclencher des vagues de protestations, aussi bien dans l’opinion que dans la classe politique toutes tendances confondues.
Cette élection conjointe, censée marquée un nouveau départ, « au lieu de corriger les dérives du passé est un naufrage, une pâle imitation, une caricature du pire de l’ancien pouvoir. Le régime militaire n’a fait que réutiliser à son avantage ce qu’il prétendait dénoncer », fustige le Président d’Ensemble Pour le Gabon.

A l’appui de ces constatations, l’ancien Premier ministre évoque de « graves anomalies » qui ont émaillé le processus électoral. « On ne parle pas ici d’un simple cas isolé et anecdotique, mais de mouvements globaux qui ont affecté presque toutes les circonscriptions électorales du pays ainsi que de la diaspora », fait-il observer.
En considération de ces dysfonctionnements, Alain-Claude Bilie-By-Nzé exige l’annulation totale et sans condition de ces élections. L’organisation des futurs scrutins devraient être soumis, selon lui, à des garanties de transparence évidentes, notamment le renvoi de l’équipe responsable du fiasco ; la révision complète du fichier électoral ; l’abolition des procurations et l’interdiction du vote migratoire, a-t-il préconisé.
Plus sérieusement, l’ancien candidat à la présidentielle du 12 avril 2025, interpelle directement le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, qui serait désormais « face à un choix historique. Soit il honore l’esprit du 30 août 2023, en garantissant des élections transparentes, soit il trahit cette date fondatrice en cautionnant les mêmes dérives qu’il disait combattre », a-t-il exhorté.
Selon les résultats provisoires publiés par le ministère de l’Intérieur, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), parti fondé le 5 juillet dernier par l’actuel chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguéma est largement en tête au terme du premier tour des élections législatives du 27 septembre dernier, avec 55 élus sur un total de 145 députés à l’Assemblée nationale.
Trois autres partis ont obtenu un élu chacun. Il s’agit de l’Union pour la République (UPR) de Gervais Oniane, un Conseiller du président Oligui Nguéma, le Parti social démocrate (PSD) de l’opposant Pierre Claver Maganga Moussavou et le Front démocratique socialiste de l’avocat Ange Kevin Nzigou.
Un second tour sera organisé le 11 octobre prochain dans les circonscriptions où aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue. 76 sièges sont concernés. La majorité des duels opposeront l’UDB au PDG.
Elliott Ana Merveille et Darène Mabelle Ayingone