Le rôle, les compétences et les rapports des représentants du ministère public et leurs collègues des ordres financier et judiciaire tel est le thème général de l’atelier sur le rôle du ministère public face aux enjeux de transparence et de lutte contre la criminalité économique ouvert ce mardi à l’école nationale de la magistrature à Libreville.
La rencontre est coorganisée par le ministère de la Justice garde des sceaux et des droits humains avec l’appui du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), du Japon et de l’École nationale de la magistrature (ENM). Elle regroupe des magistrats, experts internationaux et autres officiels gabonais.
Financé par l’ambassade du Japon et le PNUD, l’atelier s’inscrit dans un projet triennal (2025-2027) visant à « promouvoir un système judiciaire équitable et transparent » au Gabon.

Le ministre de la Justice, Séraphin Akure-Davain a insisté sur l’urgence de « briser les silos » entre les deux ordres juridictionnels : « La complémentarité entre les ordres judiciaire et financier ne doit plus être une idée théorique, mais une réalité pratique, nourrie par la concertation, la formation mutuelle et l’échange d’expériences », a-t-il déclaré, annonçant la création prochaine d’un « parquet financier« .
Selon les explications enregistrées dans les discours lors de la cérémonie d’ouverture, le ministère public défend l’intérêt public, conduit l’action pénale et garantit le respect de la loi. Quant à l’ordre financier, les procureurs généraux près les cours des comptes veillent à la discipline budgétaire et à la probité de la gestion publique.
« Les citoyens attendent une justice visible et efficace, surtout dans les affaires de détournement de deniers publics« , a rappelé le directeur de l’ENM, Pierre Ndong Aboghe citant René Cassin pour étayer ses propos « Il ne suffit pas que la justice soit rendue, encore faut-il qu’elle soit comprise. »
L’atelier poursuit trois axes : clarifier les compétences respectives des magistrats des deux ordres., identifier des mécanismes de collaboration procédurale et institutionnelle et élaborer une vision commune, sans nier les spécificités de chaque ordre.

L’ambassadeur du Japon a salué les « efforts gabonais pour la démocratie depuis août 2023« , tandis que le PNUD représenté par son représentant résident par intérim Kamil Kamaluddeen a réaffirmé son soutien à « une justice centrée sur les besoins des justiciables« .
Animé par des experts gabonais et internationaux, dont un ancien consultant de Transparency International, la formation se veut un « laboratoire d’intelligence collective« . Elle préfigure d’autres sessions sur la déontologie ou la criminalité financière, dans un contexte où « les circuits de l’argent sont de plus en plus sophistiqués« , selon les organisateurs.
La clôture de l’atelier est prévue le 23 juillet.
Betines Makosso
