Selon le site d’information en ligne sur l’Afrique, Africa Intelligence, généralement bien renseigné, le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguéma, ambitionne de mettre la main sur les parts détenues par Delta Synergie (holding familiale fondée par l’ancien président Omar Bongo, afin de centraliser les actifs de la famille) au capital de la banque, en échange de l’abandon d’un audit lancé à l’encontre de cette holding du clan Bongo. « Henri-Claude Oyima, PDG de BGFIBank depuis près de quarante ans, est sur un siège éjectable », croit savoir nos confrères.
Si l’on en croit Africa Intelligence, un simple courrier daté du 25 novembre dernier, a ouvert les hostilités. Jérôme Andjoua, le directeur de Delta Synergie, holding familiale fondée par l’ancien président Omar Bongo (1967-2009) a reçu une lettre de la task force chargée de l’apurement de la dette de l’État.
Rédigée par le conseiller présidentiel franco-andorran Pierre Duro, la missive, consultée par Africa Intelligence, exige de Delta Synergie qu’il cède à l’État toutes ses participations (9,91 %) au sein de BGFIBank Holding Corp, holding de tête contrôlant l’ensemble du groupe bancaire BGFIBank.
En échange, l’État suspendra l’audit en cours sur les activités de Delta Synergie et s’engage à effacer les dettes fiscales et douanières de la Société gabonaise de service (SGS), ainsi qu’à lui faire bénéficier d’un crédit d’impôts. Cette entreprise de gardiennage et de sécurité, appartenant à Delta Synergie, est endettée à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA. Au-delà du seul cas de Delta Synergie, c’est la reprise en main de BGFIBank par l’État que vise le Comité pour la transition et la restauration des institutions.
Fort de ses 9,91 %, Delta Synergie est l’un des principaux actionnaires de la holding de tête du groupe BGFIBank, derrière la Sogafric (13,13 %), contrôlée par le Franco-Gabonais Christian Kerangall. Mais les services de la task force s’intéressent cependant plus précisément au cas du PDG de BGFIBank, Henri-Claude Oyima qui dirige la banque depuis 1985, indique Africa Intelligence.
En plus de participations en propre (3,96 % en août 2023) et de quelques achats anecdotiques d’actions par ses proches, la task force soupçonne le banquier de 67 ans d’être peu à peu monté au capital de BGFIBank Holding Corp via sa holding personnelle, Nahor Capital, qui possède 9,25 % du capital, révèlent nos confrères.
Le président de la transition, agacé par la main mise d’Oyima sur BGFIBank Holding Corp, songe à le nommer ministre à la faveur d’un prochain remaniement, une déchéance déguisée en promotion, peut-on lire dans les colonnes de d’Africa Intelligence.
Par ailleurs, le clan du président congolais est bien présent au capital de la holding via plusieurs sociétés, dont Yao Corp (2,32 %), appartement à Omar Denis Junior Bongo Ondimba et sa sœur, Yacine Bongo Ondimba. Une éviction d’Henri-Claude Oyima pourrait engendrer d’importantes tensions sur l’axe Brazzaville-Libreville.
Première banque d’Afrique centrale, bras financier de Libreville et présents dans dix (10) pays d’Afrique, ainsi qu’en France, le Groupe BGFIBank a fait plus de cent (100) milliards de Francs CFA de résultats en 2024.
O.-M. Mignonne