C’est historique ! Au terme d’une campagne qui s’est déroulée dans un climat inédit, les Gabonais se sont, pour une fois, réellement déplacés (plus de 50 % de taux réel de participation, du jamais vu depuis longtemps) pour aller voter et dire massivement oui (à près de 93 %) à la nouvelle Constitution qui leur était proposée. Et pour la première fois, il n’a pas fallu attendre dix jours pour avoir les résultats mais 24 heures seulement. La preuve d’une parfaite organisation, d’une volonté de transparence et un facteur important de désamorçage des potentielles tensions artificiellement entretenues par certains politiciens.
Tout d’abord, cette consultation s’est déroulée dans une atmosphère apaisée après une campagne où les différentes opinions ont pu être exprimées sans entrave ni autocensure et avec passion. Le débat a donc été pleinement contradictoire. C’est notre démocratie qui y a gagné.
Ensuite, le vote en lui-même s’est déroulé dans d’excellentes conditions matérielles et sécuritaires sans les fausses notes habituelles, avec la quasi-totalité des bureaux de vote qui ont ouvert et fermé aux heures prévues, sur le territoire national comme à l’étranger. Nous sommes loin, très loin, des cafouillages observés lors des élections organisées sous l’ancien régime.
Le taux de participation de 53 % est bon, très bon même, si l’on considère l’historique des élections (avec un taux de participation systématiquement gonflé) et le contexte particulier dans lequel cette consultation référendaire, une première pour notre pays depuis des décennies, a eu lieu. Il a fallu en effet compter avec de nombreux facteurs contraignants :
– Les traumatismes post électoraux de 2009, 2016 et les élections tronquées de 2023 qui auraient pu occasionner un divorce entre les Gabonais et les élections ;
– les délais courts pour l’organisation du scrutin ;
– le calendrier spécifique car nous sommes en pleine période scolaire et en dehors des périodes électorales habituelles ;
– la météo avec la saison des pluies qui a pu décourager et entraver les déplacements de nombreux électeurs, notamment ceux qui vont voter en province ;
– l’impossibilité pour certains de changer de bureaux de votes compte tenu de leur obligations professionnelles dans la capitale.
Si le taux de participation, très bon si l’on tient compte du contexte et de l’historique des exercices électoraux au Gabon, confère toute la légitimité nécessaire pour appliquer la nouvelle Constitution, il est par ailleurs renforcé par le vote massif en faveur du “oui”, qui a recueilli 92,8 %. Ce résultat démontre un large vote d’adhésion, l’expression d’une volonté claire du peuple gabonais qui valide sans réserve ce projet de Constitution. Il donne une force politique sans précédent, un élan qui doit être prolongé.
L’annonce des résultats provisoires par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité a été rapide, 24 heures à peine après la clôture des bureaux de vote, ce qui constitue une marque d’efficacité, de célérité et de transparence. Le tout sans coupure d’Internet comme nous l’avons vécu pendant les élections de 2023. Et pour cause, il n’y avait cette fois-ci rien à cacher, rien à tripatouiller. Le seul objectif : garantir la transparence.
C’est, à l’évidence, réussi. D’autant plus qu’il faut le souligner, le vote s’est tenu en présence de 30 missions d’observation qui ont déployé pas moins de 600 observateurs aux quatre coins du pays. L’Union européenne était présente, de même que le Commonwealth, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Union africaine, la CEEAC, etc. Encore une fois, rien à cacher, tout à montrer. Du jamais vu au Gabon qui vient d’offrir une leçon de démocratie au continent.
En définitive, ce premier scrutin est conforme à ce que les Gabonais peuvent attendre d’une élection aux meilleurs standards démocratiques, avec un résultat qui ne souffre aucune contestation tellement il est clair.
Le 16 novembre 2024, ce n’est pas le oui qui l’a emporté. C’est le Gabon et les Gabonais qui ont gagné. Il n’y a aujourd’hui aucun perdant, que des gagnants. Car, enfin, nous sortons d’un long cauchemar dans lequel une poignée avaient voulu nous maintenir. Pour la première fois de notre Histoire, nous avons une Constitution hyper-démocratique, assurément l’une des meilleures en Afrique. Nous pouvons désormais, sereinement, poursuivre notre chemin vers la félicité.
Joanna BOUSSAMBA
Actrice de la société civile, Porte-parole du COPIL Citoyen, Membre de la coordination provinciale pour le Oui dans l’Estuaire.
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