Constituante : pourquoi 8 parlementaires ont voté non ?

C’est désormais connu. 8 députés et sénateurs seulement sur 168 ont voté non au rapport contenant les amendements du projet de la constitution. 3 se sont abstenus. La majorité a massivement voté Oui. Pourquoi ont-ils voté non ?

Selon Jean Valentin Leyama, les amendements proposés par ses amis et lui n’ont pas été pris en compte. « Nous ne nous reconnaissons pas dans le rapport qui a été voté », dit-il.

Super président

Jean Valentin Leyama indique que si les recommandations adoptées par les parlementaires sont appliquées, le Gabon se retrouvera avec un président de la République aux pouvoirs trop importants.

Le président de la République sera le « chef suprême de l’exécutif », il sera « chef du gouvernement » et demeurera le « président du conseil supérieur de la magistrature ».

« Même la séparation des pouvoirs préconisées au dialogue national n’a pas été appliqué », déplore-t-il.

Premier ministre fantoche

Proposé à la suppression, le poste de Premier ministre est maintenu. Cependant, le Premier ministre ne sera plus chef du gouvernement. Il se limitera à présider les conseils inter ministériels et à coordonner l’action du gouvernement.

Division et exclusion

Selon les 8 parlementaires, les conditions d’éligibilité à la présidence de la République incitent à l’exclusion et divisent les gabonais.

« Les conditions d’éligibilité au poste de président de la République sont discriminatoires », dénonce le député Leyama.

« Le fait de déterminer même le choix du conjoint laisse penser que les gabonais doivent désormais faire attention à leur libido », ironise-t-il.

Su le plan institutionnel, Jean Valentin Leyama estime qu’il s’agit d’un « recule démocratique jamais enregistré depuis 1991 ».

Sur le plan du vivre ensemble, il y a désormais « une catégorisation des gabonais ». Les handicapés moteurs sont officiellement exclus. « C’est loufoque », s’étouffe-t-il.

Deux septennats pour le président

Les 8 parlementaires « boudeurs » affirment avoir suggéré un mandat de 5 ans renouvelable une fois pour le président de la République. « Nous n’avons pas été écouté », signale-t-il en précisant que le mandat de 5 ans s’harmonise avec la plupart des constitutions dans le monde.

Clin d’œil au CTRI

Les 8 parlementaires s’en remettent au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). « Comme dans un menu + à propos du rapport des parlementaires + on attend qu’est-ce que le CTRI va retenir et qu’est-ce qu’il va rejeter », espèrent ils.

Mission accomplie

« Nous avons opté pour un mandat de 7 ans renouvelable une fois pour éviter que le président de la République cherche à tout prix un 3ème mandat de 5 ans », a justifié Paul Biyoghe Mba, actuel 1er Vice-Président du Parti démocratique gabonais (PDG, ancien parti au pouvoir).

Les conditions d’éligibilité à la présidence de la République ont suscité beaucoup de débat. Selon le projet de constitution, il faut être né d’un père et d’une mère gabonais, leurs propres parents étant également gabonais. Être âgé de 35 à 70 ans et être marié à un gabonais ou une gabonaise.

Dans son discours de clôture, le président de l’Assemblée nationale, Jean François Ndongou, par ailleurs président de l’Assemblée constituante a avoué que la tâche n’a pas été facile pour les parlementaires qui avaient juste 10 jours pour examiner le texte.

« Les débats très houleux, les tensions qui, parfois, ont caractérisé nos travaux, témoignent indubitablement de la vivacité de notre assemblée constituante et du grand intérêt manifesté par chacun de vous autour de notre objectif principal », a déclaré M. Ndongou.

Interrogé sur le contenu du rapport des amendements suggérés par les parlementaires, la présidente du Sénat également vice-présidente de l’Assemblée constituante a dit réserver la primeur au président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema.

« Pour mission je sors de là avec le sentiment d’une mission accomplie », a résumé le député Pépécy Ogouliguendé.

Selon le décret présidentiel qui convoquait l’assemblée constituante, les parlementaires avaient la mission de proposer des amendements sur le projet de constitution et de le soumettre aux autorités de la transition. Il leur reviendra de les intégrer ou pas et de faire adopter le projet en conseil des ministres. 

Le texte définitif sera voté par le peuple lors du référendum prévu avant la fin de l’année.

Carl Nsitou

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