Littérature : Bilie By Nze explique en termes simples et clairs la philosophie de son livre « Awu m’awu »

Lors d’une cérémonie de dédicace lundi à l’hôtel Radisson Blu, l’ancien Premier ministre gabonais, Alain Claude Bilie By Nze a expliqué en termes simples et clairs le titre de son livre « Awu m’awu » paru récemment en France.

Parfait orateur, le dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba a tenu son public en haleine pendant une quarantaine de minutes. Il a tenu un discours sur sa personne et son combat pour la vérité pour l’avenir du Gabon.

Gabonactu.com livre un extrait du verbatim de Bilie By Nze devant son auditoire :

Awu m’awu c’est une histoire. Une histoire d’une vie. C’est aussi une locution et une interjection de la communauté fang auquel j’appartiens. Awu m’awu par traduction littérale signifie « la mort que je meurs ». C’est une façon d’appeler et de rappeler le combat que l’on mène et les difficultés à résister face à un combat où l’injustice semble prendre le dessus. Un combat où nous sommes accusés à tord de ce que nous n’avons pas fait.  Un combat où l’on cherche à nous faire porter le chapeau.

Awu m’awu c’est aussi dire : et pourtant ! et pourtant c’est si simple ! et pourtant c’est si évident ! mais l’évidence n’est toujours pas de ce monde. Et dans un environnement où l’on veut faire peser une chape de plomb sur un pays, toute voix discordante devient suspecte et il devient urgent de la faire taire. Mais personne n’y parviendra. La vérité, c’est la vérité.

La vérité c’est que le 30 août 2023, il y a eu un coup d’Etat. On peut lui donner le surnom ou le sobriquet que l’on souhaite, mais les faits sont les faits. C’est un renversement des institutions par la force même s’il n’y a pas eu effusion de son.

La vérité c’est aussi que l’on veut traduire 14 années d’une vie et les réduire à zéro. Faire penser et accepter au peuple gabonais que pendant 14 ans tout était zéro. La vérité c’est aussi qu’on veut faire croire que pendant ces 14 années il y a eu ceux d’un côté ceux qui étaient blancs comme neige et qui n’ont rien à se reprocher et de l’autre ceux qui sont soupçonnés d’avoir détruit le pays. Mais la vérité c’est que la vie est parfois dans une zone grise où ce n’est jamais tout à fait blanc, où ce n’est jamais tout à fait noir. Il faut arriver à distinguer le bon grain de l’ivrai.

La vérité c’est que j’ai eu à partager avec des amis, de frères et des compagnons un certain nombre d’options. Au terme de ces options, nous sommes parvenus à une conclusion. Il faut que le monde sache. Il faut que les gabonais sachent. Il faut que les uns et les autres sachent que dans la situation qui est la notre aujourd’hui, il n’y a pas une libération avec les militaires au pouvoir. Ca n’existe pas. Il n’y a pas une libération avec des militaires qui occupent des postes de responsabilité dévolus aux civils. Ça n’existe pas. Lorsque les militaires occupent des postes dévolus aux civils ça s’appelle occupation. Ça n’a pas un autre terme : c’est une occupation ! Face à cette occupation, il faut résister. La première résistance est celle de l’esprit, le rejet e la pensée unique, le rejet de l’ordre établi. Le rejet de ce qu’on nous fait penser et passer pour la vérité. Ce rejet impose que chacun prenne le courage de dire que « non, je ne suis pas d’accord ».

Il y en a qui se demandent pourquoi Bilie By Nze parle ? La première liberté que réclame un être humain c’est la parole. Cette liberté dans ce pays, moi Alain Claude Bilie By Nze, je pense avoir été, modestement, de ceux qui ont contribué à la liberté de la parole. Il ne se trouvera personne, à part Dieu le père, de m’empêcher de m’exprimer. S’il y en a qui font le choix de ne pas m’entendre, ils sont libres de ne pas m’entendre.  Mais personne ne pourra m’empêcher de dire ce que je suis, ce que j’ai été et c’est ça Awu m’awu !

Awu m’awu c’est parce que je veux dire les choses telles qu’elles sont. Telle que je les ai vécus. Awu m’awu c’est-à-dire je ne revendique aucun pouvoir particulier mais le droit à la différence. Awu m’awu c’est dire aux uns et aux autres que c’est notre pays à nous tous. Comme l’auraient dit les écritures : tous ont pêché et sont privés de la gloire de Dieu.

Mais si tous ont pêché, pourquoi certains veulent laisser la tache sur d’autres ? Pourquoi ceux qui hier ont joué le rôle le plus bas, le plus vil, le plus scabreux veulent se passer pour des innocents et font porter sur quelque uns la faute de tous.

Antoine Relaxe

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