Un journaliste incarcéré pour “outrage” à gouverneur

Dek’son Assani Kamango, journaliste à la Radio Omega et responsable du site d’informations Actualités Maniema, arrêté depuis le vendredi 7 février 2020, va-t-il rester en détention pour un simple article? Transféré à la prison centrale de Kindu, dans la province du Maniema (à l’est de la RDC), il est détenu pour “outrage à l’autorité provinciale”.

Selon les informations de Journaliste en danger (JED), le gouverneur a porté plainte à la suite d’un article listant une série de reproches émanant des députés provinciaux qui l’ont élu à son poste.
“La nouvelle arrestation et détention prolongée de ce journaliste illustre que sans mesure forte de la part des plus hautes autorités politiques du pays, les discours en faveur de la liberté de la presse ne suffiront pas à faire reculer le nombre encore très préoccupant d’exactions commises contre les professionnels des médias en RDC, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous appelons à la libération sans condition de ce journaliste qui n’a rien à faire en prison. Nous réitérons également notre demande d’un moratoire urgent sur les arrestations de journalistes pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction en attendant une réforme du cadre légal consacrant la fin des peines privatives de liberté pour les journalistes en exercice.”
Dans un rapport publié le 23 janvier 2020, JED avait alerté sur le “bilan inquiétant” de la première année au pouvoir du nouveau président Félix Tshisekedi. L’organisation y dressait un tableau très sombre avec près d’une centaine d’attaques diverses recensée contre les journalistes et les médias dont 14 arrestations et détentions plus ou moins longues de journalistes. A l’instar de JED, RSF regrette qu’aucune mesure d’envergure n’ait été prise ni sur le plan politique, ni sur le plan judiciaire, ni sur le plan sécuritaire, pour rendre plus sûr l’exercice du métier de journaliste dans le pays.
Le 12 novembre, lors d’un entretien entre RSF, JED et Felix Tshisekedi, en marge du forum de Paris sur la paix, le président de la RDC avait soutenu l’idée d’un moratoire sur les arrestations de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions en attendant que la loi sur la presse de 1996 soit révisée. Nos deux organisations avaient également plaidé pour la mise en place dans les plus brefs délais d’un mécanisme dédié à la protection et à la sécurité des journalistes dont la première étape consiste à nommer un réseau de points focaux dans les différents ministères et administrations concernés par la liberté de la presse.
La RDC occupe actuellement la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF.

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