Ragaillardie par les arrivées d’Alain-Claude Bilie-By-Nzé (Président du parti Ensemble Pour le Gabon), Chef de file de l’opposition gabonaise au sortir de la présidentielle d’avril 2025 et de Michel Ongoundou Loundah (Président du parti Réagir), autre candidat à la dernière présidentielle, la Coalition pour la nouvelle république (CNR), a, lors d’une communication faite lundi, exigé le retrait immédiat de la Taxe forfaitaire d’habitation (TFH), adoptée lundi par une écrasante majorité à l’Assemblée nationale et que s’apprête à collecter dès janvier 2026, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), selon les mécanismes édictés.
Le Pr Vincent Moulengui Boukossou, Président en exercice de la CNR, plateforme regroupe notamment les partis Union démocratique républicaine pour le progrès (UDRP), Parti gabonais du progrès (PGP), le Parti souverainiste écologiste (PSE) et le Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ) a qualifié l’inscription et l’adoption de la TFH comme « une décision précipitée, incohérente et socialement injuste » et qui se tiendrait, selon lui, à mille lieues, de l’engagement proclamé de restaurer la dignité des Gabonais.
Pour la CNR, l’exécutif entretient délibérément une confusion entre impôt et taxe, en l’absence de toute contrepartie clairement identifiée. La coalition balaie du revers de la main l’argument de comparaison avec la France, souvent brandi par le gouvernement.
Elle fait observer que dans l’hexagone la taxe d’habitation relève des prérogatives des Collectivités locales et qu’elle a été supprimée pour les résidences principales, depuis le 1er janvier 2023, ne subsistant que pour les résidences secondaires.
« Que sont devenus les 7 milliards de francs CFA octroyés par province, soit 63 milliards au total, bien au-delà des 2,8 milliards attendus de cette taxe ? », s’est fort opportunément interrogé, le Président en exercice de la Coalition pour la nouvelle république, exigeant au passage des explications sur l’usage de nombreux fonds publics déjà mobilisés au bénéfice des Collectivités locales
La CNR dénonce alors ce qu’elle qualifie d’« absurdité manifeste » : la taxation par zone géographique. Dans un pays marqué par une forte mixité sociale, ce mécanisme créerait, selon elle, des injustices flagrantes.
À titre d’illustration, la CNR évoque des situations jugées choquantes : un ancien Premier ministre s’acquitterait de 1 000 FCFA à Bikélé, tandis qu’un veilleur de nuit paierait 20 000 FCFA à Akanda ; un enseignant serait taxé à hauteur de 30 000 FCFA à Batterie 4, quand un ministre ne débourserait que 1 000 FCFA à Ozangué, selon les mécanismes prévus par cette loi.
Des députés pas à l’écoute de la base
De même que sur le plan institutionnel, le vote ultra majoritaire de la TFH à l’Assemblée nationale est ici tourné en dérision. « Ce vote est nul et de nul effet car la Constitution prévoit des vacances parlementaires pendant cette période. Et il n’y a pas eu de rentrée parlementaire solennelle. Que les parlementaires pensent d’abord aux mandats qui leur ont été confiés par leurs électeurs, et non à leurs intérêts personnels ni à ceux du parti qui les a investis », suggère promptement Michel Ongoundou Loundah, président de Réagir.
La CNR s’alarme par ailleurs du recours annoncé à la Société d’énergies et d’eau du Gabon (SEEG) pour le recouvrement de la taxe. Elle rappelle que, bien qu’inscrite dans la loi de finances depuis 2022, la taxe d’habitation n’a jamais été appliquée, faute de prérequis techniques et juridiques, comme l’avait reconnu le gouvernement de l’époque sous la pression du FMI.
La Coalition pour la nouvelle république met en garde contre un pouvoir qu’elle juge « déconnecté des réalités », accusé de céder à «l’ivresse de l’autorité » et de privilégier la facilité politique au détriment de réformes structurelles courageuses. « Le peuple gabonais rejette massivement cette taxe », martèle la CNR qui exige en définitive le retrait pur et simple de cette taxe qu’elle considère dangereuse, tant sur le plan social que politique.
Alph ’-Whilem Eslie et Jean-Jacques Rovaria Djodji
