Le village Odimba, situé dans le canton Océan, département de Bendjé, dans la province de l’Ogooué-Maritime (Littoral sud), fait face à un abandon alarmant de ses infrastructures sociales de base. L’école primaire, le dispensaire et l’internat, piliers de la vie communautaire, sont aujourd’hui dans un état de dégradation très avancé, faute d’entretien, de personnel et de moyens. Une situation paradoxale à l’heure où la VIᵉ République prône la restauration des institutions et la relance des services publics essentiels.
À un peu plus d’une heure de navigation depuis Port-Gentil, chef-lieu de la province, le village Odimba, connu pour ses terres fertiles et son potentiel agricole, abrite à peine une centaine d’habitants. Mais derrière cette quiétude rurale se cache une réalité préoccupante : le manque criant d’eau potable, d’enseignants, de soignants et de matériels de base.
« Nous avons au milieu du village un château d’eau, mais pour qu’il alimente les robinets, il faut des panneaux solaires ou un puissant groupe électrogène. À défaut, nous devons attendre que notre frère Gabriel Tchango fasse fonctionner son groupe pour avoir de l’eau », explique visiblement exaspérée, Émilienne Mwentchoua, cheffe du village.

L’école publique du village, installée dans un bâtiment unique, se trouve dans un état de délabrement avancé : plafond effondré, murs fissurés, tables-bancs manquants. Les salles de classe sont désormais envahies par des pigeons et autres oiseaux qui y ont élu domicile. Le dispensaire, censé offrir des soins de première nécessité, n’échappe pas à la même détresse. Les armoires à médicaments sont vides, et le personnel médical inexistant. Faute de mieux, les habitants recourent aux remèdes traditionnels pour soigner fièvres, paludisme et autres affections courantes.
Pour Émilienne Mwentchoua, « nous avons l’école et le dispensaire, regardez un peu dans quel état ils se trouvent. Pire encore à l’internat, où les enfants dorment à même le sol. Il n’y a aucun réfectoire pour qu’ils puissent s’alimenter ».
Des conditions de vie indignes pour les populations.
L’absence de personnel enseignant et soignant rend ces infrastructures pratiquement inopérantes. Les femmes enceintes doivent parcourir plusieurs kilomètres, souvent en pirogue, pour accoucher dans des conditions plus sûres. Le droit à l’éducation et à la santé, pourtant garanti par la Constitution, semble ici relégué au second plan.
« Au niveau du dispensaire, il n’y a jamais eu de médicaments depuis l’époque de la transition jusqu’à ce jour. Nous sommes des agriculteurs, et il nous faut des mesures concrètes pour nous accompagner », plaide encore Émilienne Mwentchoua, qui appelle de ses vœux une action urgente des pouvoirs publics.
Odimba n’est pas un cas isolé. Comme plusieurs villages de l’Ogooué-Maritime, il illustre la fracture persistante entre les centres urbains et les zones rurales, où les promesses de développement tardent à se concrétiser. Pourtant, cette localité a vu naître plusieurs figures politiques nationales : maires, députés, présidents de conseils départementaux, sénateurs… autant de personnalités issues d’un village qui, aujourd’hui, se meurt dans l’indifférence. Les habitants espèrent que l’État entendra leur cri du cœur et procédera à la réhabilitation urgente de ces infrastructures scolaires et sanitaires, gages d’un avenir meilleur pour leurs enfants et d’une véritable restauration des services publics en milieu rural.
Jean-Jacque Rovaria Djodji