À Mitzic, le lancement des travaux d’aménagement des voies secondaires se veut une consécration de la promesse présidentielle. Mais derrière les engins et les discours, monte une contestation : le gouverneur semble s’ériger en acteur politique, usurpant la légitimité d’État au profit du c en quête d’appropriation symbolique. Ce « projet d’État » tourne au boulevard électoral.
Une opération de communication plus que d’intérêt public
À première vue, le coup d’envoi des travaux à Mitzic s’inscrit dans la logique de concrétisation des promesses de campagne : deux ambulances, un bus scolaire, et désormais l’aménagement des voies secondaires. Mais derrière cette annonce officielle se profile une récupération politique. Le candidat UDB Constant Bekale Be Nze en participant aux côtés du Gouverneur Jules Djeki , au lancement des travaux de voiries de la ville de Mitzic est omniprésent dans les prises de parole. Il s’impose comme maître d’œuvre, comme si ce qui est financé par l’État devenait subitement l’apanage d’un candidat. Faisant passer le gouverneur pour un partisan.Ce double rôle d’administrateur d’État et opérateur politique — pose une question centrale : jusqu’où l’autorité administrative peut-elle s’effacer dans l’ombre d’un promoteur partisan ?

L’ingérence feutrée du gouverneur : entre omniprésence et silence contraint
L’autorité administrative locale, censée être neutre, s’est muée en caisse de résonance politique. La présence du candidat et de ses représentants au lancement du projet, sous l’égide du gouverneur, donne le ton : il ne s’agit plus d’un chantier au service des populations mais d’un décor électoral. La question brûlante demeure : les administrations sont-elles devenues assujetties à un candidat ? En consentant que le gouverneur joue les chefs de clan, le dispositif institutionnel cède à la tentation du clientélisme d’État. L’impartialité, principe cardinal de la gestion publique, est appauvrie, et la frontière entre service public et stratégie politicienne s’efface.
« Un projet d’État » ou « un outil électoral » ?

Les slogans électoraux s’invitent dans les documents de chantier. Des candidats, sans vision ni programme tangible, s’invitent à mettre leur nom sur ce qui devrait rester la propriété du peuple. S’approprier « toute honte bue » un projet public, c’est confisquer la mémoire collective au profit d’une narration personnelle. C’est aussi jeter un voile sur les questions structurantes : qui paiera la maintenance ? Quels critères de priorisation ? Le projet de Mitzic, tel que conduit aujourd’hui, n’est-il qu’un pion dans une stratégie d’intimidation politique, en réalité « exhumée des pratiques d’un âge révolu » ? Les populations en sont les témoins : il est temps qu’elles deviennent les arbitres.
Mitzic, dans le département de l’Okano, est longtemps restée une zone sensible politiquement : oscillant entre promesses non tenues et tensions locales. Le passage d’un projet « d’État » à un enjeu électoral est symptomatique du défi que connaît notre démocratie : comment garantir que l’État reste commun, et non la propriété d’un clan ? Le cas du gouverneur à Mitzic est une illustration crue, mais utile de ce que peut devenir le pouvoir quand il n’est plus contrôlé
Nkili Akieme