Législatives et locales 2025 : Organisation bâclée, parlement ‘’godillot’’, selon Bilie-By-Nzé

Invité de l’émission ‘’Sous les projecteurs’’ sur la lucarne Web TV de Gabonactu.com, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, dont le parti, Ensemble Pour le Gabon (EPG – Opposition), présente une vingtaine de candidatures et une dizaine de listes, respectivement aux législatives et locales de ce samedi, 27 septembre, a dit tout le dépit et le dégoût qu’il éprouve devant les conditions de préparation et d’organisation de ces scrutins couplés. L’ancien candidat, arrivé 2ème, à la dernière présidentielle du 12 avril dernier, n’a pas fait mystère du peu d’intérêt manifeste, croit-il savoir, suscité notamment par ces législatives appelées à constituer un parlement vidé de tous ses leviers de contre-pouvoirs.  

D’entrée, le Président d’EPG, figure de proue de la vie publique gabonaise de ces vingt dernières années, chef de file de l’opposition devenue, n’a pas mâché ses mots face à ce qu’il considère comme une « confiscation » de la démocratie.

Bilie-By-Nzé, dresse un réquisitoire sévère contre la nouvelle architecture institutionnelle. Il dénonce une « restauration de la pensée unique » et accuse le pouvoir de vider le Parlement de ses prérogatives, transformant les élections en simulacre démocratique.

« En politique, il n’y a pas d’irréductibles ennemis, mais des adversaires de circonstances, certes. Pourtant, quand on a dénoncé le PDG comme source de tous les maux et qu’on finit par marcher bras dessus, bras dessous avec lui, c’est la cohérence qui meurt et la confiance du peuple qui s’effondre », tranche-t-il.

Refusant de briguer un siège aux législatives après sa candidature à la magistrature suprême, il assume : « Cinq mois plus tôt, je me présentais pour diriger le pays. Que vaudrait ma parole si, après une telle ambition, je me rabattais sur un simple fauteuil de député ? », s’interroge l’ancien candidat à la présidentielle, qui regrette que le ‘’pouvoir’’ n’est pas délier les cordons de la bourse pour financer les autres partis politiques en lice pour les présentes élections, faisant la part belle au parti au pouvoir, croit-il savoir.

Sur le terrain de l’organisation des élections, son jugement est tout aussi sévère. Prenant appui sur ce qui se passe dans le 6ᵉ arrondissement de Libreville, il évoque ici pour l’exemple, un scrutin où quarante listes locales et quinze candidatures législatives aboutiraient à 55 bulletins.

« Expliquez-moi comment une enveloppe peut contenir quarante bulletins ? C’est une organisation abracadabrantesque, bricolée par des communiqués ministériels qui piétinent la loi. On ne construit pas la démocratie sur des artifices », s’indigne Alain-Claude Bilie-By-Nzé.

Son réquisitoire vise surtout l’institution parlementaire, l’Assemblée nationale et le Sénat, vidés selon de toute leur substance de leur substance. « Il n’y a plus de motion de censure, plus de motion de défiance, plus de déclaration de politique générale. Le gouvernement n’est plus responsable devant le parlement, seulement devant le président qui ne peut faire l’objet d’aucune interpellation au parlement. Le Parlement est réduit au rôle d’une simple chambre d’enregistrement, une chambre godillot. À quoi bon y siéger, sinon pour valider des décisions déjà écrites ailleurs ? », fulmine Alain-Claude Bilie-By-Nzé.

Dérive institutionnelle

Le Président d’EPG croit bon de convoquer l’histoire politique des années d’indépendance qu’il juxtapose à la situation politique actuelle et craint que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. « En 1961 déjà, la constitution paralysa les institutions et provoqua le coup d’État de 1964. Aujourd’hui, nous reproduisons les mêmes erreurs. Nous revenons à la restauration, mais pas pour avancer. Nous revenons au parti unique, à la pensée unique, au verrouillage de la vie politique », , déplore-t-il.

Bilie-By-Nzé élargit le spectre de sa critique au vitriol sur le plan économique, fustigeant précisément le cumul de fonctions du ministre de l’Économie, à la fois patron de la principale banque privée nationale et sous-régionale et président de la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC).

« Un Parlement digne de ce nom aurait interpellé le gouvernement et exigé un arbitrage. Mais dans ce système, plus personne ne contrôle rien. Le peuple souverain n’est plus représenté », regrette-t-il.

Plusieurs fois ministre, ancien Premier ministre (2022-2023), Alain-Claude Bilie-By-Nzé défend désormais à la tête de son parti, Ensemble pour le Gabon (EPG), une ligne d’opposition assumée, centrée sur la transparence institutionnelle et le renouvellement de la classe politique. Sa critique récurrente : le risque d’un retour insidieux à la pensée unique, à la confiscation des libertés et à un pouvoir verrouillé.

Elliott Ana Merveille et Nkili Akieme

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