Congrès de Mitzic : la réplique musclée du Pr Cyriaque Akomo Zoghe à Paul Mba Abessole

Après la sortie polémique de Paul Mba Abessole sur l’« internationalisation » du Congrès de Mitzic, le Pr Cyriaque Akomo Zoghe, Maître de conférences CAMES et auteur de Congrès International Fang de Mitzic, brise le silence. Dans une note de recadrage ferme, il accuse l’ancien opposant historique de « propos orduriers » et défend une vision panafricaniste de l’événement de 1947.

Un vocabulaire jugé « ordurier »

Dans une vidéo devenue virale, Paul Mba Abessole s’en prend au travail d’universitaires sur le Congrès de Mitzic, allant jusqu’à qualifier leurs analyses de « maboules ». Une attaque que le Pr Cyriaque Akomo Zoghe juge « inacceptable ». « D’abord, sur la forme, un universitaire ne s’adresse pas à un autre avec un vocabulaire aussi ordurier », écrit-il, rappelant son statut de Maître de conférences CAMES. « Après autant d’expériences emmagasinées dans vos différentes fonctions, vous gagneriez à être plus sage », lance-t-il à l’ex-leader du Morena.

Oeuvre publiée par Pr Cyriaque Akomo Zoghe qui fait débat

« Le vrai congrès était celui de Feck-Sole »

Au-delà de la polémique verbale, le Pr Akomo Zoghe défend sa thèse : le Congrès de Mitzic n’était pas seulement une rencontre coloniale, mais un véritable rendez-vous panafricain. « L’internationalisation vient du fait qu’il y avait bel et bien des Fang venus du Cameroun, du Congo et de la Guinée espagnole, de façon discrète, lors des assises de Feck-Sole », affirme-t-il. Contrairement au « rapport officiel de sept pages » que Mba Abessole brandit, il insiste sur les témoignages locaux qui relatent des réunions parallèles « en marge du camp militaire, loin du regard des colons ».

Une réécriture de l’histoire

Pour l’universitaire, la controverse révèle deux conceptions de l’histoire. « Il y a les intellectuels africains qui répètent l’histoire écrite par les colons, et ceux qui la réécrivent sans excuses ni complaisance », estime-t-il. Auteur de 18 ouvrages, il dit « assumer le pari d’immortaliser la version fang du Congrès de Mitzic » et appelle à « libérer la parole des populations autochtones ». Et de conclure : « Je persiste et je signe, le Congrès de Mitzic, tenu à Feck-Sole du 26 au 28 février 1947, était bel et bien un Congrès international. »

Le Congrès de Mitzic, organisé en février 1947, avait officiellement pour but de discuter de questions sociales, agricoles et éducatives entre les Fang et l’administration coloniale française. Dans les archives coloniales, il est appelé « Congrès Pahouin », un terme jugé péjoratif par de nombreux chercheurs. Si la version officielle consignée dans un rapport de sept pages présente une rencontre encadrée par les autorités, plusieurs historiens, dont Cyriaque Akomo Zoghe, défendent l’existence d’un « congrès parallèle » à Feck-Sole, réunissant des Fang du Gabon, du Cameroun, du Congo et de la Guinée espagnole. Cette divergence d’interprétation nourrit encore aujourd’hui un vif débat historiographique et identitaire.

Nkili Akieme

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