Le Gabonais Basile Hans Nganinga Mali, Comptable public émérite ayant géré dans le passé plusieurs projets d’indemnisation des populations touchées par la réalisation des projets de développement du pays, a décidé de braver la peur pour dire comment l’Etat dans le passé a géré ce genre d’opérations sans se casser la figure. Lecteur d’une autobiographie inspirante d’un commis de l’Etat !
J’ai noté, pour le déplorer moi aussi, la gestion pour le moins chaotique, hasardeuse, rocambolesque et dégradante du désormais tristement célèbre dossier des expropriés et autres squatters, particulièrement dans la zone de Plaine-Orety. À ce sujet, le traumatisme infligé aux Gabonais, particulièrement les anciens occupants des lieux, est tel que le Chef du Gouvernement a dû passer nuitamment sur les lieux, témoigner sa compassion aux victimes de cette opération.
La communication des Membres du Gouvernement ainsi que des Experts de ces questions nous a paru unidirectionnelle et condescendante. Aucun déguerpi n’a été invité sur les plateaux des télévisions, pour faire entendre contradictoirement sa voix et celle de ses coreligionnaires, face à nos gouvernants. Autant dire que la messe était dite d’avance. Dans de telles conditions, le clash était inévitable.

En rappel, « Gouverner, c’est prévoir « . Albert Einstein a dit que « La folie, c’est de faire la même chose et s’attendre à des résultats différents « . Un jour, se posera la bonne question, à savoir : « Qui est responsable de ce désordre ?? » Quant à mon intervention, elle ne vient pas pour en rajouter, notamment en tirant sur l’ambulance (ou corbillard, c’est selon), mais plutôt pour nous inviter tous à revenir aux fondamentaux, à l’essentiel, à savoir dans ce dossier : « Qui fait quoi ? Comment ? Avec quels moyens ? Sous le contrôle et la supervision de qui ? Et pour quels résultats ?«
Ce qu’a fait Zacharie Myboto, ministre d’État en charge de l’équipement et de la Construction
En rappel, aujourd’hui, cela fait pratiquement trois (3) décennies déjà, exactement depuis le 1er octobre 1996, que Monsieur Zacharie Myboto, ministre d’État en charge de l’équipement et de la Construction avait invité les bénéficiaires de fonds alloués pour les indemnisations, à venir retirer leurs mandats en ses services, bien avant la destruction des biens impactés par le Projet (Communiqué joint). Cet Homme d’État n’avait pas eu besoin de passer à la télé pour en parler, d’autant plus que « l’argent n’aime pas le bruit », dixit Monsieur Léon Mébiame Mba, Ancien Premier Ministre du Gabon. Cette opération ne suscita aucune controverse notable.
Lorsque les choses sont bien faites, en toute transparence et équité, personne ne se plaint. C’est plutôt l’inverse qui suscite la levée des boucliers. L’inverse, c’est de faire différemment et espérer obtenir les mêmes résultats.

Furieux de voir d’importants budgets alloués pour les routes et peu d’avancées sur le terrain, Omar des Plateaux changea de tactique, notamment en confiant aux Experts en maniement des deniers publics la responsabilité d’accompagner le ministère en charge des Travaux Publics dans ce qui fait leur métier : Payer les factures aux entreprises, et les indemnisations aux expropriés et autres déguerpis des Projets, dans les délais et selon la loi, tenir la comptabilité et rendre compte.
J’ai été Fondé de Pouvoirs du TPG sous Blaise Louembé Kouya
C’est dans ce cadre que, Fondé de Pouvoirs du TPG Blaise Louembé Kouya en 2005, j’ai eu l’honneur en 2008 d’être désigné Comptable Spécial pour cinq (5) Projets routiers (Fougamou-Mouila, Ndendé-Lébamba, Lastoursville-la Leyou, tous trois(3) financés par la Banque Africaine de Développement d’une part, et surtout le Projet de la Route Nationale 1 (RN1), pour le tronçon allant du Pk12 à Bifoun ; ainsi que la Route Ndjolé-Medoumane, d’autre part), du fait que le maniement des deniers publics est l’apanage, l’exclusivité des Comptables Publics. Et ils rendent compte de leur gestion à qui de droit.
En pratique nous avions abondamment communiqué sur ces cinq (5) Projets avant, pendant et même après les travaux. Des audits furent naturellement commis. Aucun centime ne manqua à l’appel. Aucun propriétaire recensé ne fut oublié. La liste de tous les bénéficiaires, leurs coordonnées bancaires ou numéros des titres de paiement au Trésor étaient connus des Gabonais ainsi que les références cadastrales des parcelles, tombes et arbres fruitiers impactés par ces projets. Le Quotidien L’union en fait foi. Seul le montant à percevoir ne fut pas communiqué au grand public. Pour la première fois dans notre Histoire, un tronçon fut même livré huit (8) mois avant le terme convenu (Fougamou-Mouila) !

En 2016 à l’issue de quatre (4) de ces cinq (5) chantiers, je fus élevé au rang de Chevalier dans l’Ordre de l’Étoile Équatoriale. Ma seule médaille professionnelle en 31 ans de service à ce jour.
L’ANGTI ou le retour au désordre d’avant
Avec l’arrivée d’un nouveau ministre, ordre me fut donné de transférer l’ensemble de ces dossiers et moyens financiers à l’ANGTI de triste mémoire. Ce fut le début du retour au désordre d’avant, notamment en matière de gestion de l’argent.
En effet, Les fonds gérés en dehors des Comptables Publics sont une belle opportunité de « Frappes » par les administrateurs.
Aussi, la semaine dernière, j’ai failli bondir de mon siège en entendant le ministre de l’Habitat accompagné de son Collègue en Charge des Travaux Publics, dire en direct à la télévision que les fonds publics pour les indemnisations ont été remis entre les mains d’un Cabinet privé pour indemniser les concernés (et non au Trésor Public) d’une part, et surtout que l’identité, le nombre des bénéficiaires et le coût de cette opération lui échappaient ! Au point où il s’est engagé à les diffuser quand ledit Cabinet les lui aura mis à disposition ! Les étrangers qui regardent nos chaînes de télévision ont dû se poser quelques bonnes questions. Je ne serai pas surpris d’entendre que des « frappes » sont mises en évidence dans ce dossier.
La propension des Dirigeants Gabonais à vouloir toujours réinventer la roue
Vraiment je ne comprends toujours pas la propension des Dirigeants Gabonais à vouloir toujours réinventer la roue, à jouer aux apprentis sorciers là où les choses sont pourtant limpides et écrites. Bien plus, je m’insurge contre la pratique consistant à s’abstenir de dire toute la vérité au chef de l’État, Chef du Gouvernement. On appelle cela de la déloyauté. Mentir au Chef est une insubordination, le début d’une longue série de trahisons.

Monsieur Paul Toungui, ministre d’État en charge des Finances ne me démentira pas sur ce point.
En effet Payeur du Gabon en France au début des années 2000, j’avais été appelé à la rescousse de la Délégation Gabonaise en mission au Mexique. Informé et conscient de la modicité des moyens que j’avais apportés, craignant aussi de faire dans le Hors-Budget, Monsieur Paul Toungui, Argentier National, m’instruisit de tout faire pour convaincre le président Omar Bongo Ondimba d’écourter la mission (le Sommet de Cancún était déjà terminé), et de rentrer au pays, sinon on serait à court d’argent. Chose que je fis et qui réussit. Le lendemain, la Délégation Gabonaise reprit l’avion et rentra au Gabon. Je reversai au Trésor public un reliquat de 300 millions de francs, justifiai mes opérations, puis regagnai la France à l’issue de tout cela.
La Lumière de la Vérité
Tous ceux qui murmurent aux oreilles d’un Chef devraient avoir pleinement conscience qu’ils ont le devoir de l’éclairer par la Lumière de la Vérité. Le bénéfice en est grand pour le groupe, l’équipe ou le pays tout entier. Seule la vérité des résultats concrets intéresse les Gabonais.

Enfin et pour terminer, je voudrais saisir cette opportunité pour informer les Gabonais et surtout le chef du Gouvernement que ma cadette, française devenue par les liens du mariage, a vu sa maison et la clôture détruites sans sommation par le ministère de l’Habitat, il y a 14 ans maintenant !
L’actuel ministre de l’Habitat, informé du dossier, reconnaissant la faute de son administration, a saisi son Collègue du Budget et Comptes Publics de la Transition, aux fins du paiement à l’intéressée de son indemnisation par voie de protocole transactionnel ou tout autre. Instruite par son Ministre de tutelle, la Directrice Générale de l’Agence Judiciaire de l’État refuse de s’exécuter depuis bientôt un an. Est-ce que comme ça, c’est bien ? En réaction, quand les médias français vont traiter notre pays de République bananière, quand les biens du Gabon vont être saisis en France en réparation du préjudice causé, certains ici, toujours les mêmes, vont crier au manque de patriotisme, oubliant que justement par patriotisme, on a attendu jusqu’à ce jour. Notre patience est arrivée à son terme.
Le progrès d’un pays se base sur deux notions : la Justice et l’Équité. La Restauration des Valeurs est à ce prix. Rendez aux Gabonais leur dignité, comme promis. C’est tout.
Basile Hans Nganinga Mali, Comptable public émérite
