Alors que le Gabon a tourné la page de la transition politique ouverte en août 2023, retrouvant peu à peu une légitimité démocratique par la voie des urnes, une question demeure sans réponse : que fait-on de ceux qui ont servi loyalement la République, mais ont été écartés sans ménagement, sans explication, sans reconnaissance ?
Je parle ici des anciens sénateurs de la 5e législature, dont je fais partie. Nous avons été démis de nos fonctions sans préavis, sans indemnité, sans pension, et sans un mot, même symbolique, de gratitude. C’est un silence institutionnel qui résonne comme une blessure.
Une transition censée réparer, non effacer

Notre mandat, légalement établi par la Constitution et encadré par les lois de la République, a été interrompu de manière brutale, en pleine légalité apparente mais sans aucune légitimité morale. Trois années de service parlementaire ont été effacées, ignorées, comme si elles n’avaient jamais existé.
Le plus choquant, c’est que dans le même temps, certains acteurs des dérives du passé ont retrouvé une place dans l’appareil d’État, pendant que nous, anciens représentants du peuple, sommes laissés pour compte. Ce paradoxe alimente un sentiment d’injustice profond, d’autant plus incompréhensible dans une République qui se veut désormais exemplaire.
Pourtant, la Loi n°002/2008 du 08 mai 2008, toujours en vigueur, fixe clairement les règles en matière de pensions de retraite pour les membres du gouvernement, les députés et les sénateurs. Elle reconnaît le droit à une pension parlementaire, droit dont nous sommes aujourd’hui indûment privés.
Des engagements bancaires pris au nom de l’État
Il ne faut pas l’oublier : nombre d’entre nous ont contracté des crédits auprès des banques sur la base de leur mandat parlementaire. Ces engagements ont été pris en confiance, avec la garantie implicite de la continuité républicaine. Aujourd’hui, certains se retrouvent en situation de défaut, voire de surendettement, du simple fait de la défaillance de l’État à respecter ses obligations.
L’État ne peut se soustraire à ses responsabilités. Il ne peut exiger l’honneur du service sans garantir la continuité des droits. Ce serait faire peser sur les individus les conséquences d’une transition qu’ils n’ont ni provoquée, ni anticipée.
Mourir dans l’oubli : le scandale silencieux
La disparition récente d’une ancienne sénatrice, dans l’indifférence quasi totale des institutions, a mis en lumière une douleur que beaucoup portent en silence. Derrière les hommages officiels et les discours de façade, la réalité est cruelle : certains meurent dans la précarité, sans ressources, sans reconnaissance.

Peut-on parler d’un État de droit si ceux qui ont incarné la loi sont oubliés, négligés, voire méprisés ? Les hommages posthumes, aussi émouvants soient-ils, ne remplaceront jamais le devoir de justice envers les vivants.
Ce que nous demandons : rien de plus que la loi
Nous ne quémandons pas. Nous ne réclamons ni privilèges, ni faveurs. Nous revendiquons ce que la République nous doit, au nom du droit, de la mémoire institutionnelle et de la dignité républicaine :
La reconnaissance officielle de notre mandat interrompu ; Le versement d’un forfait compensatoire équitable pour les années de service perdues ; La régularisation immédiate de nos droits à pension, conformément à la loi ; La prise en charge des conséquences financières découlant des crédits contractés sous la légitimité du mandat parlementaire.
Il est encore temps de réparer
Le nouveau gouvernement, légitimé par le suffrage populaire, a aujourd’hui l’opportunité de poser un acte fort. Un acte de justice et de réparation. Il s’agit de respecter la continuité de l’État, d’honorer ceux qui ont servi, et de rétablir l’équité institutionnelle.
Ce combat dépasse nos personnes. Il touche à l’essence même de la République. Car ce que l’histoire retiendra, ce ne sont pas tant les injustices subies que les décisions prises pour y remédier.
Pierre Moussounda, ancien Sénateur, 2e Questeur de la 5e législature interrompue du Sénat gabonais

Ces parlementaires demandent réparation, c’est leur droit. Mais entre nous, que peut-on retenir de leur législature, au point de demander au contribuable de les dédommager ? Qu’ont-ils fait de positif pour la nation ? Ils représentaient le PDG et non les populations. Donc, c’est au PDG à qui ils étaient fidèles de réparer leur »prejudice » s’il en est un.
Pour nous autres Makayas, le 30 août 2023 a mis les compteurs à zéro.