Riposte millimétrée d’Ike Nouoni contre Ali Akhbar Onanga Y’Obegue

La tribune récemment publiée par M. Ali Akhbar ONANGA Y’OBEGUE offre une analyse juridique précise et rigoureuse de la crise institutionnelle actuelle. En tant qu’homme public et citoyen engagé dans la réflexion démocratique, je salue la clarté de ses arguments et la profondeur de sa mise en garde. Mais je souhaite ici proposer une autre lecture. Une lecture qui rappelle que dans une période de transition, le cœur de la légitimité est d’abord politique, et non procédural.

1. Une crise d’origine politique


L’élection présidentielle du 12 avril 2025 ne peut être comprise sans remonter à sa cause première : une rupture démocratique majeure, un rejet profond de l’ancien régime et un besoin collectif de refondation. C’est à cette crise politique que le CTRI a répondu en convoquant le suffrage universel, dans l’objectif de rétablir la souveraineté populaire. L’élection présidentielle fut donc la première pierre d’une reconstruction républicaine.

2. De la légalité à la légitimité


M. ONANGA Y’OBEGUE rappelle, à juste titre, les limites juridiques de la Cour constitutionnelle de la Transition. Mais il omet de rappeler un principe fondamental du droit transitoire :
Dans toute période de transition, le droit est un outil de stabilisation ; la légitimité populaire en est la boussole.

La prestation de serment devant cette Cour est juridiquement imparfaite, mais politiquement indispensable pour éviter un vide d’autorité. En ce sens, elle ne détourne pas la Constitution, elle en accompagne l’entrée en vigueur effective.

3. Le choix de la présidence avant les législatives


Certains contestent l’ordre des élections. Pourtant, ce choix n’est ni arbitraire, ni erroné. Il s’ancre dans une logique démocratique claire :
– Sans président légitimé par le peuple, aucun Parlement ne peut valablement refonder le cadre normatif.
– Restaurer d’abord la fonction présidentielle, c’est donner un cap et éviter une dérive technocratique sans incarnation.

4. Le droit ne précède pas la politique : il l’accompagne


Les transitions sont, par essence, imparfaites. Mais elles peuvent être légitimes. De la Ve République française à la transition sud-africaine, les exemples abondent où les Constitutions ont été appliquées dans un cadre institutionnel provisoire, le temps que les institutions nouvelles prennent corps.

5. Pour une sortie ordonnée de la transition


Le défi actuel n’est pas d’invalider une séquence démocratique naissante. C’est de l’accompagner vers sa complétude :
– Organiser rapidement des élections législatives conformes à la Constitution de 2024.
– Mettre en place une nouvelle Cour constitutionnelle compétente.
– Adopter les lois organiques nécessaires dans un cadre stabilisé.

Conclusion


La réflexion de M. Ali Akhbar ONANGA Y’OBEGUE enrichit le débat. Mais elle gagnerait à intégrer une dimension fondamentale : dans les transitions, la légitimité populaire est le fondement de la légalité nouvelle. Le 3 mai 2025 ne sera pas l’apothéose d’un désordre, mais l’acte inaugural d’une République renouvelée.

Il ne s’agit pas d’occulter les failles juridiques. Il s’agit de leur donner un horizon politique, au service de la Nation.

Ike Ngouoni Aïla Oyouomi, ancien porte parole de la présidence gabonaise

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