Les bureaux de vote débordent d’électeurs à la mi-journée, dans la quasi-totalité des centres de vote à Libreville et ses banlieues, à l’occasion de l’élection présidentielle en cours. Partout, de très longues files d’attente sont visibles, débordant même parfois sur les rues et les avenues ; alors que les électeurs dénoncent ici et là, des lenteurs dans l’exécution des opérations de vote par le personnel électoral. Selon certaines indiscrétions, le vote pourrait se poursuivre jusqu’au-delà de 18 heures, pour permettre à tous les électeurs d’exercer leur devoir citoyen.
« Ça fait bientôt une heure que je suis dans le rang, sous le soleil. Les gens du bureau de vote passent presque 20 minutes pour faire voter un seul électeur », a déploré Marc, un instituteur inscrit dans l’un des neuf (9) bureaux de vote du centre de l’école privée Enkéré, située dans le réputé quartier populaire Akébé, au 3ème arrondissement de Libreville.
Un peu plus loin de là, au quartier Batavéa, dans le 4ème arrondissement de la capitale gabonaise, Nicaise Sickout Inguéndja, ancien maire de cet arrondissement, explique que les lenteurs observées également dans les 12 bureaux de vote de cette école publique à cycle complet (primaire, collège et lycée) et dont se plaignent les électeurs, sont dues « à une insuffisance de logistique, notamment les dateurs, qui obligent le personnel électoral a exécuter manuellement une partie des opérations », a-t-on effectivement constaté.
« Je suis arrivée ici à 10h, il est 13 heures et je n’ai toujours pas pu voter. Je suis fatiguée, mais je resterais là jusqu’à ce que je vote pour mon candidat qui a besoin de ma voix pour diriger la Gabon. A ce rythme, j’ai bien peur que tout le monde ne puisse pas voter avant 18 heures parce que c’est trop lent, trop trop long », regrette Norah, une Lycéenne d’à peine 18 ans, qui vote donc pour la première fois, dans un des 5 bureaux de vote de la Mairie du 3ème arrondissement de Libreville, littéralement assiégée par les électeurs.
Taux de participation comme principal enjeu
A la mi-journée, l’affluence crève les yeux, à comparer avec la dernière élection présidentielle en 2023, où à cette même heure de la journée et presque durant tout le cours du scrutin, les rangs restaient clairsemés, à Libreville comme à l’intérieur du pays, dans les centres et devant les bureaux de vote. Aucun incident notoire n’a été signalé à la mi-journée, ni aucune déclaration officielle de la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER).
Pour Warren N. A., 25 ans, Doctorant en sciences politiques à l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville, rencontré à la sortie d’un des bureaux de vote de l’Ecole publique d’Essassa, banlieue située à une vingtaine de Kilomètres de Libreville, sortie sud, sur la route nationale numéro 1, « le taux de participation est en réalité l’enjeu réel de ce scrutin, devant le déséquilibre observé entre le président sortant, Brice Clotaire Oligui Nguéma, grand favori, et ses 7 autres rivaux », croit-il savoir.
Le Président sortant et candidat a voté à Libreville, dans un des bureaux de l’Ecole publique urbaine du centre, près de la présidence de la République, dans le centre-ville de la capitale gabonaise. « Je me félicite de la mobilisation des électeurs. Du jamais vu depuis les années 90. Ça veut dire que les populations ont soif de changement », a déclaré le président-candidat après son vote.
Son principal challenger, l’ancien Premier ministre, Alain Claude Bilie-By-Nzé, a accompli son devoir de citoyen, dans sa ville natale de Makokou, province de l’Ogooué-Ivindo, (dans le nord-est). S’il admet que le vote se déroule dans le calme et e façon fluide à Makokou, mais il dit avoir observé que « dans les bureaux de vote, il y a des cartes d’électeurs déposées, ce qui est interdit par la loi qui dispose que les cartes d’électeurs soient disposées dans une salle à côté, mais pas dans le bureau de vote. Ce qui est un facteur potentiel de fraude », a prévenu Alain Claude Bilie-By-Nzé.
A l’occasion de cette présidentielle, il convient également de relever la forte présence sur le théâtre du scrutin des journalistes et professionnels de l’information, représentant l’essentiel de la crème des organes de presse de l’audiovisuel du monde entier et la présence de nombreux envoyés spéciaux des plus grandes agences de presse internationale, des radios et télévisions à l’audience mondiale, étiquetés ‘’personae non grata’’ par le gouvernement déchu lors de la dernière présidentielle, en 2023.
Les bureaux de vote fermeront officiellement à 18 heures locales et les résultats devraient être connus avant la fin de la semaine prochaine, selon des sources généralement bien renseignées auprès du ministère de l’Intérieur. Si aucun des candidats n’obtient la majorité des suffrages au 1er tour (plus de 50% de voix) un 2ème tour, dont la date n’a pas été indiquée, sera nécessaire pour départager les deux candidats arrivés en tête à l’issue du 1er tour.
Cette présidentielle est l’avant dernière étape, avant les élections législatives et locales, prévues avant le mois d’août prochain, pour le retour à la vie institutionnelle normale et refermer la transition ouverte par le coup d’état du 30 août 2023 qui a coûté la présidence à Ali Bongo Ondimba et installé au pouvoir les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Féeodora Madiba
