Dans un communiqué, le collectif des avocats de Brice Laccruche Alihanga (BLA) pointe de graves atteintes aux droits de la défense lors de l’audience du lundi 3 janvier devant la Cour criminelle spéciale. Ci-dessous, l’intégralité dudit communiqué.
Malgré cette déclaration de haut niveau, nous avons choisi de prendre part à l’audience programmée, convaincus que le dossier monté à charge contre notre client par l’ancien régime serait jugé dans le respect des règles de procédure, et que le contexte politique ayant changé, la justice serait rendue de manière plus équitable.
Cependant, notre espoir d’une justice restaurée a été brutalement déçu. Au fil des audiences et, pire, lors de l’audience de jour, les droits de la défense ont été bafoués de manière flagrante. La parole a été systématiquement défendue à la défense, et l’instruction est menée exclusivement à charge, dans une parfaite continuité avec les pratiques de l’ancien régime.
Nous avons soulevé une exception d’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’Etat dans ce dossier, arguant que les fonds en question provenaient d’un compte privé au nom d’une SARL, comme l’ont d’ailleurs reconnu les avocats de l’Etat eux-mêmes. Malgré cela, le président de la Cour n’a pas autorisé la défense à répliquer à la suite des arguments de l’Etat.
Face à cette parodie de justice, et pour ne pas cautionner un procès de témoignage où la logique répressive et partiale de l’ancien régime persiste, les avocats de la défense de M. Laccruche ont décidé de quitter la salle d’audience en guise de protestation.
Nous tenons également à souligner que l’état de santé de notre client s’est gravement dégradé en raison des années d’incarcération inhumaines qu’il a subies. Il a bénéficié d’une liberté provisoire grâce aux nouvelles autorités de la transition, mais cette liberté est maintenant menacée par une procédure judiciaire inique et viciée.
Nous déplorons profondément que, malgré les changements politiques annoncés, la justice continue de fonctionner de manière inéquitable et partiale. Nous en appelons à la conscience du peuple gabonais et à la vigilance de la communauté internationale pour que les principes de justice et d’équité soient effectivement respectés.
La restauration de l’Etat de droit ne peut se faire sans une justice véritablement indépendante et impartiale. Nous réitérons notre engagement à défendre les droits de notre client et à lutter contre toutes forme d’injustice et d’arbitraire.