Noël Mboumba (droite), Brice Laccruche Alihanga (gauche) et Christian Patrichi Tanasa (centre) durant le procès de Sogara jeudi 30 mai au tribunal de Libreville © D.R
Convoqué comme témoin clé à la Cour criminelle spécialisée dans l’Affaire Sogara qui oppose le Ministère public et Brice Laccruche Alihanga, l’ancien Directeur général de la Société gabonaise de raffinage (SOGARA), Noël Mboumba, a, sans détour avoué que ses accusations contre l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo portant sur un détournement supposé de 7 milliards provenant de l’entreprise qu’il dirigeait, étaient dictées sous la pression et les ordres d’une juge d’instruction.
« La juge d’instruction me dictait les déclarations à mettre dans mes procès-verbaux. J’ai subi des pressions afin de retirer les noms de Noureddin Bongo Valentin et d’Ali Bongo Ondimba et surtout pour modifier mes déclarations ! », a révélé M. Mboumba jeudi à la barre lors du procès.
Arrêté en décembre 2019 dans le cadre de « opération scorpion », au même moment que son mentor Brice Laccruche Alihanga dont il était très proche, Noël Mboumba comme d’autres figures emblématiques de l’AJEV, était poursuivi pour détournement des deniers publics, de malversations financières, d’association des malfaiteurs et de concussion. Il était le premier à recouvrer la liberté conditionnelle en mars 2020.
Fraichement libre, Noël Mboumba avait déclaré dans une conférence de presse que « j’ai reconnu avoir exécuté les instructions malveillantes de la part des personnes qui ont profité de leur position dominante pour me conduire à poser des actes contraires à la loi ». Accusation portée à demi-mot contre BLA qui était tout puissant à l’époque (2016-2019) avant qu’il ne tombe en disgrâce.
Ce dernier qui est désormais très affaibli parce que souffrant du cancer du côlon, a été maintenu en prison visiblement pour rien avant sa liberté provisoire intervenue le 20 octobre 2024 suite à l’arrivée au pouvoir du Comité pour la transition la restauration des institutions (CTRI), puis entérinée le 25 mai dernier par un jugement.
Le rétropédalage de Noël Mboumba 04 ans plus tard remet au goût le sempiternel problème de l’instrumentalisation de la justice gabonaise. Une justice qui doit, réclame l’opinion, entendre la juge d’instruction impliquée dont le nom n’a pas été révélé pour commencer à restaurer l’institution judiciaire au Gabon.
Au regard de tout ce qui précède, Brice Laccruche Alihanga, qui a déjà passé plus de 4 ans derrière les barreaux pour des faits non commis, devait être acquitté pour lui redonner sa dignité. Surtout que la justice elle-même s’est fourvoyée par une habile manipulation d’une magistrate. Une justice qui doit plus que jamais se remettre en cause.
Camille Boussoughou