Dans une analyse au vitriol des 158 pages du rapport portant recommandations du DNI, le dernier premier ministre d’Ali Bongo Ondimba croit voir un document de synthèse qui n’a rien de cohérent, sans âme et qui constitue selon sa perception, « un appel intentionnel à l’exclusion et à une chasse aux sorcières ».
Passant au peigne fin les différentes articulations de ce rapport, avec l’esprit didactique, incisif et non moins pamphlétaire qu’on lui connait, Alain-Claude Bilie-by-Nzé se désole qu’au sortir du Dialogue national inclusif, « le Gabon qu’on nous promet ressemble étrangement à celui d’hier, avec en sus une aigreur et un esprit vindicatif surnois », a-t-il avancé.
Sur le plan économique et social, les recommandations y relatives sont « un catalogue de bonnes intentions, parfois des vœux pieux, des lieux communs, sans évaluation et donc impossible à réaliser », regrette le natif et ancien député de Tang Louli (Ogooué Ivindo, nord-est).
Se voulant pratique et pragmatique, l’ancien premier ministre fait constater pour le regretter que « ces propositions furent déjà formulées dans différents documents adoptés sous les régimes d’Omar et Ali Bongo Ondimba, notamment à travers le document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), le plan stratégique Gabon émergent (PSGE), le plan de relance de l’économie (PRE), le plan d’accélération de la transformation (PAT) et les conclusions des assises sur la vie chère du mois d’avril 2023 », argumente-t-il
Les questions politiques sont de toute évidence celles qui, selon Alain-Claude Bilie-by-Nzé, suscitent le plus d’interrogation autant qu’elles appellent à une profonde réflexion sur les réelles motivations des participants et organisateurs du DNI à œuvrer pour la consolidation la démocratie et des libertés, à assurer la transparence électorale et à construire l’unité nationale, la concorde et le vivre-ensemble.
Au contraire, Alain-Claude Bilie-by-Nzé considère qu’à travers le retour acté de l’organisation et la gestion des élections politiques par le ministère de l’intérieur, les rédacteurs du rapport du DNI ont refusé de tirer les leçons « des crises profondes que le pays a connu et qui ont failli le faire basculer dans l’impitoyable ont toutes partie liée à des élections contestées parce que mal organisées ou dont les résultats on tété jugés non conformes à la réalité », relève-t-il ; avant de prévenir que « transférer l’organisation des prochaines élections au ministère de l’intérieur tout en instaurant un serment de fidélité et de loyauté de la part des gouverneurs et des ambassadeurs, organisateurs desdites élections, est, à proprement parlé, un très mauvais signal ».
L’ancien premier ministre conseille aux autorités de la transition, « si elles veulent être crédibles, de renoncer à ce projet aux finalités périlleuses. On ne bâtit pas une espérance en calquant le pire du système que l’on a combattu ou dénoncé », a-t-il martelé, allusion faite aussi à la proposition d’un régime présidentiel hybride qui, selon Alain-Claude Bilie-by-Nzé « ne peut qu’accentuer les dérives du pouvoir personnel fortement contesté par certains hier, et déjà perceptibles dans la gouvernance actuelle », croit-il savoir.
Sur les conditions d’éligibilité du président de la république, l’ancien premier ministre affirme que le fil conducteur des rédacteurs du rapport général du DNI tient sur un verbe, ‘’exclure’’. A commencer l’âge, 70 ans, l’ancien premier ministre arguant qu’être jeune n’est pas gage de compétence, estime que « exclure les gabonais nés d’un parent étranger, les gabonais nés à l’étranger, les gabonais mariés avec un conjoint ou une conjointe étrangère, c’est décider de créer des compatriotes moins citoyens que d’autres sur une inquiétante présomption d’infidélité à la nation », explique-t-il.
Par ailleurs, pour Alain-Claude Bilie-by-Nzé, derrière la revendication patriotique supposée que justifieraient les propositions relatives aux nouvelles conditions de nationalité et d’accès à certaines fonctions, « s’établit une logique moins noble : le tribalisme de certains s’est mué en xénophobie car, il faut bien le dire, la xénophobie est l’autre nom du tribalisme », a-t-il asséné.
Alain-Claude Bilie-by-Nzé appelle donc les autorités à renoncer à ce néfaste projet qui sous d’autres cieux a conduit à l’innommable, parce que dit-il, « On ne défend pas son pays en excluant une partie de son socle, on ne construit pas en détruisant », a-t-il conseillé sur cette question précise de la citoyenneté gabonaise comme sur d’autres sujets, relatifs notamment à la suspension des partis politiques, singulièrement du parti démocratique gabonais (PDG) et de ses hiérarques. Des mesures qu’il juge non démocratiques, contraires aux lois et règlements en vigueur et attentatoires à l’état de droit.
Craignant l’impasse politique qu’il voit poindre à l’horizon, Alain-Claude Bilie-by-Nzé n’a pas manqué de réitérer son plaidoyer portant sur l’exigence de la mise en place de la Commission vérité, justice et réconciliation/réparation parce que « les gabonais veulent réellement savoir ce qui s’est réellement passé dans la gestion de l’Etat depuis au moins 1990 », suggère-t-il.
Concluant son examen ‘’clinique’’ du rapport du Dialogue national inclusif, l’ancien député du canton Ntang Louli s’est étonné, s’agissant de la Cour constitutionnelle, objet de toutes les récriminations, qu’aucune piste sérieuse ne semble avoir été envisagée pour sa réforme.
Féeodora Madiba
Il n’a pas tout à fait tort. Trop de caciquisme, d’idées rétrogrades et ridicules parfois. Mais que pouvait-on attendre d’un pays où les gens se sont habitués à dire oui à tout et à renoncer à leur dignité. On continue à faire des dons au lieu de mettre en place des politiques sociales pour tous. Dzaléée e dza léoo