En avril prochain, les Gabonais sont invités à prendre part à une concertation nationale. Un grand moment de déballage et de refondation de l’Etat. Une occasion d’un curage en profondeur après un inventaire de tous les dysfonctionnements ayant plombé les chances du Gabon d’accéder à un développement intégral. Mais les interrogations demeurent.
Cette grand’messe vise, entre autre, la restauration de l’Etat de droit et des institutions de la République, la lutte contre la corruption et les détournements massifs de deniers publics… bref une cure contre les maux dont souffre le pays. Un examen minutieux au scanner s’impose.
La question de nos accords avec l’ancienne métropole, sa monnaie indigène à nous imposée, doivent figurer aussi parmi les dossiers prioritaires de ce laboratoire politique. C’est maintenant ou jamais que le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) doit nous prouver sa détermination à faire bouger les lignes.
La question française est cruciale. Ces accords doivent être revisités, dépoussiérés sinon annulés simplement afin que l’on jette les bases d’une nouvelle coopération politique et économique gagnant-gagnant. Car il est question ici de sortir du cercle vicieux d’une coopération vampirisée par la ruche mafieuse tapis dans l’ombre de la tristement célèbre cellule africaine l’Élysée.
L’armée française, pré-positionnée sur le territoire national, géostratégie oblige, doit plier bagages. Ses coups tordus opérés par ses barbouzes dans les pays sous sa captivité, les pillages massifs de nos ressources naturelles par la France, on doit y mettre un terme.
Ce pays jouit allègrement de nos matières premières, un boulet pour nos pôvres Etats. Si elle perd des espaces d’influence en Afrique notamment au Mali dont elle rêve la partition, au Burkina, au Niger, c’est que ces pays de l’Afrique de l’ouest ont compris jusqu’où peut aller le degré de nuisance d’un Etat bandit qui se fait son beurre en spoliant l’Afrique de ses matières premières et ses réserves en devises et en or.
Lorsqu’à l’époque, je me questionnais de façon sibylline sur la question lors d’une interview que m’accordait le Pr franco-béninois Lionel Zinsou, sa réponse, avec un brin condescendant, était sans appel : « oh, mes étudiants me posent toujours cette question, les réserves en devises et en or des pays africains déposées au trésor français c’est à peine 1 à 2 pour cent », en clair du pipi de chat.
Eh oui, monsieur Zinsou, cet ‘’ Africain assimilé’’ peut tenir ce genre de discours, il est excusable, je comprenais aisément sa posture. Les nostalgiques du maître Blanc, en bon petits nègres colonisés, me brandiront, pour justifier la bêtise la plus crasse, les liens séculiers avec ce pays prédateur qui a effacé des vies en Afrique au nom d’une prétendue mission civilisatrice.
De deux choses l’une : soit on continue d’être des majeurs incapables à placer sous curatelle, ou bien on s’affranchit de cet embrigadement tutélaire. Il est maintenant temps que les Gabonais prennent leur destin en main.
Loin d’être un sentiment anti français ainsi que seront amenés à penser ceux-là qui surfent sur de lamentables raccourcis pour légitimer l’insoutenable, j’ai la maladresse de penser que plus d’un demi-siècle après les indépendances, le devoir de mémoire m’oblige, et c’est un impératif, de convoquer la conscience collective pour une opération de salubrité dans tous les secteurs de la vie de la nation, et la question de la coopération avec Paris ne doit pas être éclipsée sous aucun prétexte.
La concertation nationale doit s’y atteler. L’étoilé en chef ne doit pas se laisser gouroufier par la horde franc-maçonnique, ces illuminés qui passent pour des maîtres-philosophes et champion de la mystification, complices des frasques de la France. Outrageusement, ils s’arrogent l’appellation de ’’frères des lumières’’. Ils sont sans doute les nouveaux avatars des philosophes des lumières. Une imposture savamment entretenue par ses adeptes.
Ce rendez-vous des gabonais avec leur histoire ne doit pas être le lieu d’explosion des égos et des chocs de personnalité qui risquent de parasiter les objectifs visés.
On ne veut pas d’une concertation nationale qui risque de n’être qu’un succédané des Accords de Paris où des individus, appâtés par des Postes et autres prébendes, ont validé des institutions cosmétiques donc sans réel incidence sur les transformations politiques et sociales attendues de tous. Les « Accords de Paris » restent une grosse escroquerie dont nous payons aujourd’hui le prix. La concertation nationale doit donc sceller la rupture. Une véritable rupture.
Timothée Mémey, journaliste éditorialiste
NB : Le maquis intellectuel de Timothée Mémey est une chronique qui n’engage pas la rédaction
Le premier Ministre Monsieur Raymond NDONG SIMA voulait des contributions sur les sujets à débattre lors du Dialogue National.
Cette réflexion de M. MEMEY en est une des plus pertinentes. Il faut que la rédaction de Gabonactu fasse tout pour qu’elle parvienne au premier ministre.
Il en va réellement de la crédibilité et de la respectabilité du pays si on parvient à débattre franchement sur ce genre de sujet.
Qu’on le veuille ou pas tant qu’on aura une relation privilégiée avec la France, la Françafrique, cette nébuleuse mafieuse qui plombé le développement de bons nombres de pays africains francophones ne va jamais disparaitre. Que cachent les accords secrets signés au moment des « indépendances »? N’est-il pas temps que nos enfants et petits-enfants le sachent? La France n’est pas un pays africain , rien n’explique qu’on ait une relation particulière et privilégiée avec elle après des siècles de domination et d’asservissement.
Il faut pouvoir y mettre fin. Quant aux farfelus francs-maçons des tropiques qui sont complices de cette relation néocolonialiste, il va falloir les dénoncer ouvertement et trouver les moyens pour les affaiblir. Ces bandits agissent depuis toujours en bande très organisées, on doit vraiment les contrer, c’est pas facile, mais on peut y parvenir malgré leurs forts soutiens extérieurs.