Eblouie par les infrastructures routières modernes aux frontières des voisins de la sous-région, givré par une vive émotion suscitée par cette découverte qui avait tout d’une gifle magistrale, le Général-Président, Brice Clotaire Oligui Nguema se lance un grand défi. Construire des routes Transnationales. L’ambition est noble certes mais est-ce une priorité ?
Le chef du CTRI veut donc construire les routes transnationales actuellement dans un piteux état à l’image de son pays le Gabon encore au brouillon et qu’il doit rapidement mettre au propre. Est-ce une priorité pour un pays qui compte plusieurs villes enclavées faute de routes carrossables et où des citoyens crèvent parce que ne pouvant rallier la structure sanitaire la plus proche, elle aussi enclavée ?
Une prime aux importations
A croire un sort funeste qui frappe le Gabon où tout se désagrège sous nos yeux impuissants. La ville de Makokou chef-lieu de la province de l’Ogooué Ivindo est coupé du reste du monde. Signe que le pays est vraiment sur cale. Les partisans de la transnationale qui en font une tartine argueront l’importance des importations chez nos voisins que sont le Cameroun et le Congo qui inondent le marché gabonais.
Vu comme tel, nous sommes condamnés à importer chez les voisins des produits dopés aux pesticides et au formol donc infectes à la consommation.
L’objectif ne serait-il pas de jeter les bases d’une stratégie en vue d’atteindre à terme l’autosuffisance alimentaire ? Au fait, y a-t-il une vision dans ce sens ? Chaque année, les importations en denrées alimentaires plafonneraient à plus de 350 milliards de FCFA.
Le Gabon dispose pourtant de terres arables d’une fertilité scandaleuse à faire pâlir les pays du sahel. Le relief est favorable, il pleut 9 mois sur 12. Si la culture vivrière, l’industrie agroalimentaire ne peuvent connaitre un essor dans ce pays, ce sont les voies d’acheminement qui font défaut.
Conséquence : les cultivatrices et cultivateurs en sont réduits à une agriculture de subsistance. Dans les années précédant le règne des Bongo, les produits gabonais abondaient sur nos marchés… Bref !
Le piège des financements extérieurs
L’initiative de construire des ouvrages transnationaux avec l’aide des bailleurs de fonds que sont la Banque Mondiale, le Fonds européen de développement (FED) et la Banque africaine de développement (BAD) entre autre, est certes salutaire. Mais l’on peut toutefois émettre quelques réserves prudentes quant au choix opéré par ces institutions traditionnelles dont les financements sont assortis de conditionnalités contraignantes dont on ignore les termes exacts et dont seuls les initiés connaissent les dessous.
En plus d’alourdir le service de la dette extérieure, ils soumettent les Etats à des schémas d’investissement qui, souvent, ne cadrent pas avec les besoins immédiats. Quoi de plus étonnant, n’est-ce pas celui qui met la main à la poche impose sa loi ?
Pour faciliter la fluidité des échanges sur le marché sous régional, il faut certes ces voies transnationales qui sont un réel atout pour la compétitivité du marché. Mais comment alors rallier la transnationale si notre réseau routier n’est pas praticable à tout saison ? Exporter en direction des voisins suppose un réseau routier digne de ce nom sans lequel le Gabon va toujours demeurer le parfait consommateur.
C’est l’urgence qui, de mon point de vue, devait guider les politiques en matière d’investissement. Le dictat imposé par ces bailleurs de fonds éclipse ce qui devrait être la priorité des priorités, c’est-à-dire la nationale 1.
L’incongruité du chemin de fer
Attention à ne pas reproduire les erreurs du passé où le Gabon s’est lourdement endetté pour financer une voie ferrée qui, pendant des décennies d’exploitation, s’est révélée n’être qu’un lamentable bide commercial. Les bailleurs s’étaient opposés à la construction de l’ouvrage dont ils disaient à fonds perdus. Pour la construction du rail, il a fallu qu’Omar Bongo, alors Président du Gabon et initiateur du projet, se lance dans une levée de fonds via des capitaux douteux issus du bloc arabique.
Plusieurs décennies après, le chemin de fer qui serpente près de 900 kilomètres de forêt se révèle être une formidable opportunité de développement pour le Gabon.
La production du manganèse explose. La Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG) table sur 10 à 12 millions de tonnes par an. Gabon Mining accélère aussi sa production à Franceville et Okondja sans oublier les chinois basés à Ndjolé.
Du coup, les bailleurs de fonds qui hier ferraillaient dur pour torpiller le projet parce que onéreux et non rentable, deviennent aujourd’hui des messies pour sauver l’œuvre très mal façonnée par Eutrag.
Ces bailleurs ne sont cependant pas des bons samaritains. Le Général Président, adepte de Machiavel doit savoir que ce qui intéresse ces financiers ce sont les matières premières (manganèse et bois). Jamais le social.
A lui de subventionner ou de négocier avec SETRAG un prix forfaitaire pour le transport de l’igname, de la banane et de tout ce qui rentre dans l’assiette des gabonais. Imposer à la SETRAG un train marchandise dédié au transport des denrées alimentaires entre Franceville et Owendo, vice-versa, au moins une fois par semaine. SETRAG pourrait être payée par les sociétés minières et forestières qui profitent de cette infrastructure publique pour conforter leurs actions en bourse loin des regards des gabonais. La fameuse RSE tant vantée aurait ainsi un sens, un vrai contenu…
Le chef du CTRI participera ainsi efficacement à la lutte contre la vie chère et la pauvreté dans les zones rurales. Grâce à des prix subventionnés ou plafonnés, la SETRAG doit donc charrier vers la capitale toute la production vivrière sorties des 5 provinces qu’elle traverse.
Route Port-Gentil – Omboué : un gâchis
Comme un caprice politique mêlé d’arrogance, Ali Bongo, le président déchu, pour des raisons politiques, nous construit plusieurs kilomètres de route d’une qualité irréprochable sur les lagunes d’Omboué dans la province de l’Ogooué Maritime. Longue de moins de 100 Km, l’infrastructure concentre des longs ponts à inscrire dans le record Guinness.
Malheureusement ce bijou ressemble à un tombeau fleuri. Impossible de rallier la route sans un puissant 4X4. Et pour cause, il reste 7 Km à construire pour faire la jonction avec Port-Gentil.
Plus grave, les travaux se sont arrêtés net à Omboué au lieu de continuer jusqu’à Oyenano pour créer le raccourci qui devait drainer les marchandises du sud vers Port-Gentil sans passer par Lambaréné ou Libreville.
On a vite déchanté et compris que toute la littérature déversée par « Yali » n’était rien d’autre que le fruit d’un grossier mensonge sécrété par un homme qui disait n’être heureux que quand les Gabonais le seront. Nous avons été désabusés.
Timothée Mémey, journaliste chroniqueur
Sans routes ni autoroutes, aucun développement n’est possible.L’Espagne en 1982 était comme levGabin actuel et Akoma Mba vit de ses propres yeux commentbun jeune Premier Ministre de 42 ans avait couvert en moins de 10 ans tout le pays de routes et autoroutes modernes et le TGV.
Il faut donc construire des routes et sans détournements massifs et du sérieux le Gabon peut avoir des routes modernes en 5 ans à travers tout le pays.
L’erreur c’est de confier des contrats à une seule entreprise. Il faut en trouver au moins dix entreprises pour construire facilement 2000 km de route. Ce n’est pas Akoma Mba qui le dit mais des ingénieurs de ponts et chaussés chevronnés habitués à construire des routes.
Le chemin de fer fut une idiotie d »Albert Bernard Bongo malgré les conseils des experts mais comme il n’y a pas plus heureux qu’un ignorant, nous voilà au XXIème siècle sans routes dignes de ce nom.u