Les leaders syndicaux de Rougier Gabon sont dans la tourmente. Tout est mis en œuvre pour leur limogeage sous prétexte de diffamation contre le puissant Directeur général de la société.
Le mal est profond et les deux parties sont quasiment au bord de la rupture. Tout est parti d’une assemblée générale organisée dans les locaux de la Direction générale de la société à Libreville par le syndicat national des travailleurs de Rougier Gabon le 9 avril 2023.
Au cours de cette rencontre syndicale, les travailleurs présents ont demandé la démission du Directeur général de l’entreprise, Stéphane Jaffret, pour abus de pouvoir, licenciements abusifs, suspension abusive à titre conservatoire, menaces, fausses accusations…
Le syndicat soutenait que le climat social dans l’entreprise s’était considérablement dégradé depuis janvier 2023 date de l’arrivée de Stéphane Jaffret à la tête de cette entreprise.
« Depuis son arrivée, les choses vont très mal. Le climat social a été complètement anéanti, le dialogue social est inexistant, les affectations des délégués du personnel tout azimut pour avoir tout l’espace qu’il veut sans que les employés ne soient défendus par les délégués », a regretté Hughes Ndong, Secrétaire général du syndicat lors de cette rencontre.
M. Ndong avait affirmé que ses collègues et lui sont livrés au quotidien à des intimidations, injures, propos malveillants, accusations de vols non prouvés et subissent des stratégies de travail « aberrantes » sans tenir compte de la situation du travailleur.
« Il a une gestion négrière, on a l’impression de revivre les années 1920 ou le colon était le colon. Il parle et on s’exécute simplement », avait fustigé Hughes Ndong.
Le syndicat dénonçait aussi des licenciements des gabonais au profit des expatriés. Cette situation désagréable n’avait jamais existé du temps de l’ancien Directeur général, selon le syndicat.
Sous l’ancien Directeur général, les employés avaient fait évoluer le chiffre d’affaires de l’entreprise (entre janvier et juin 2022). Rougier Gabon a vendu 104 572m3 de bois soit une hausse de 50% de sa production habituelle. La direction avait gratifié les travailleurs d’un bonus de 70% de leur salaire brut, avait rappelé le syndicat.
FATWA
Depuis la tenue cette assemblée générale, la direction a lancé une fatwa contre les syndicalistes « irrévérencieux ».
Hughes Ndong, Secrétaire général du syndicat a été affecté en milieu d’année scolaire en forêt. Sans pitié pour les enfants de ce cadre en informatique. Son nouveau poste de travail ne correspondrait pas à son profil, selon ses camarades qui ont parlé sous le manteau à un journaliste de Gabonactu.com
Hughes Ndong ne serait pas seul à subir les foudres de la direction. D’autres collègues sont aussi dans le collimateur du Patron. Stéphane Jaffret est pourtant originaire du berceau des droits de l’homme, un pays où les syndicalistes sont des intouchables, un pays où le petit citoyen gifle le chef de l’Etat, un pays ou le paysan casse les œufs et les tomates sur le crâne du chef de l’Etat.
Vendredi dernier, sur ordre de la direction générale, des syndicalistes dont l’adjoint de Hugues Ndong auraient été entendus à la Police judiciaire. A l’issue de cette audition, les téléphones portables et ordinateurs des syndicalistes auraient été retenus. La stratégie a pour objectif final le licenciement pur et simple de ces syndicalistes sans que la direction ne se salisse les mains.
Un présumé délégué du personnel avait tenté de menacer un journaliste de la rédaction de Gabonactu.com pour avoir publié une photo dans laquelle il apparaissait lors de l’assemblée générale du 9 avril 2023. Il s’exprimait que si sa superpuissance s’étendait sur tout le Gabon.
Affaire à suivre.
Camille Boussoughou