Les opposants Louis Gaston Mayila et Paul Marie Gondjout se sont rendus lundi au palais présidentiel du bord de mer de Libreville pour « dialoguer » avec le président Ali Bongo Ondimba à quelques mois des prochaines élections générales (présidentielle, législatives et locales).
« Il y a tellement longtemps que je n’ai pas vu le président. Aujourd’hui j’ai eu cette opportunité. Je lui ai ouvert mon cœur. Je lui ai dit ce que je pensais de la situation. On a évoqué des sujets d’intérêt général. En principe ce ne sont pas des choses qu’on étale… Mais je lui ai dit ce que je pensais. J’ai répondu à ses questions. Je crois que l’œuvre qui nous attend est immense et c’est à chacun de s’y employer avec ses moyens et les dispositions qui sont les siennes », a déclaré Louis Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR). Agé de 76 ans, Me Mayila, juriste de formation, est l’un des vieux leaders politiques gabonais. Il a été plusieurs fois ministre sous Omar Bongo avant de claquer la porte pour rejoindre l’opposition.
« C’est une occasion pour moi en tant que président de l’Union nationale initiale de rencontrer le chef de l’Etat quelques semaines après la concertation politique, pour évoquer la question centrale à notre niveau de la proportionnelle dans la désignation des membres du bureau des conseils locaux mais aussi de parler des problèmes démocratiques dans notre pays surtout l’ouverture du jeu démocratique pour éviter que celui-ci soit embrigadé et fermé autour d’une seule entité et que ce jeu puis réellement s’ouvrir parce qu’il est à la base du règlement des problèmes de notre pays. Le président de la République a été très attentif à ce que je lui ai dit et je pense que ça doit beaucoup souvent être de cette manière de pouvoir parler avec l’opposition. Le Gabon doit être en Afrique centrale et en Afrique de manière générale un pays qui soit réellement dans l’ouverture du jeu démocratique. C’est ce que nous demandons et ça apaise. Si on veut avoir des élections apaisées, il faut qu’on se parle, il faut que les choses soient dites clairement en toute transparence. C’est ce que nous avons voulu faire aujourd’hui », a pour sa part déclaré Paul Marie Gondjout, président de l’Union nationale initiale (UNI).
Considéré comme un jeune loup de la vie politique gabonaise, Paul Marie Gondjout a fait ses armes au sein de l’Union nationale (UN), un des principaux partis de l’opposition. Le parti a été créé en février 2010 dans la foulée de la contestation de la victoire d’Ali Bongo lors de la présidentielle de 2009.
En 2020, Zacharie Myboto, le président de l’Union nationale prend sa retraite. Une bataille rangée s’engage pour sa succession. En novembre 2021, Paulette Missambo est élue présidente du parti. Son challenger à la présidence du parti, Paul Marie Gondjout le félicite. Cependant quelques mois plus tard, contestant les méthodes managériales de la nouvelle présidente de l’Union nationale M. Gondjout décide a finalement de créer l’Union nationale initiale dont le siège est celui où trônait l’Union nationale.
Les rencontres entre ces deux leaders et Ali Bongo Ondimba qui interviennent dans un contexte d’ambiance préélectorale ne manqueront pas d’alimenter les débats. Les uns pourront accuser les deux leaders politiques d’être allés à la soupe. Leurs partisans ne manqueront pas de faire valoir les valeurs démocratiques et républicaines pour justifier ces rencontres.
La date de la prochaine élection présidentielle au Gabon n’a pas encore été officiellement annoncée. Ali Bongo, 64 ans, au pouvoir depuis 2009, n’a pas encore annoncé qu’il est candidat à sa propre succession mais tout laisse croire qu’il briguera un 3ème mandat. La constitution le lui permet sauf que le prochain mandat sera de 5 ans au lieu de 7 ans comme auparavant. Cette modification est intervenue après la concertation politique de février dernier.
Carl Nsitou
