L’absence de communication idoine est souvent source de malentendus, de pratiques illégales et les barrières linguistiques y sont certainement pour quelque chose… Peut-être était-il temps d’échanger, de donner les outils juridiques, d’éduquer pour transformer et espérer faire changer les pratiques.
Doter les opérateurs économiques chinois évoluant dans le secteur bois des instruments juridiques, maximiser leurs connaissances de rouages administratifs et leurs compétences en vue d’un exercice légal de leurs activités, c’est le principal objectif visé par l’atelier de sensibilisation qui s’est tenu le 20 décembre 2022 dans l’amphithéâtre du Ministère des Eaux et Forêts sous l’égide de la tutelle, en collaboration avec l’Ambassade de Chine.
Plantant le décor, et voulant certainement promouvoir les bonnes pratiques dans le secteur, la haute hiérarchie des Eaux et Forêts a mis un point d’honneur dans l’accompagnement des opérateurs économiques ressortissants de la Chine pour leur permettre de s’approprier les textes légaux et règlementaires qui encadrent la chaine depuis l’exploitation, la transformation, le transport et même la création des emplois.
Comme le veut l’aphorisme « former pour transformer », via cet atelier, les plus hauts responsables des Eaux et Forêts visent à assainir la gouvernance forestière et surtout susciter un véritable changement de paradigme pour faire reculer la corruption qui gangrène et favorise l’exploitation illégale du bois sous toutes ses formes.
Le moins que l’on puisse dire est que cette réflexion arrive à point nommé car à terme le principal enjeu consiste à favoriser un climat serein et favorable à l’éclosion d’une industrialisation durable.
Sans vouloir faire un procès des acteurs chinois ou épingler l’administration, le ministre délégué des Eaux et Forêts, Michel Stéphane Bonda, a relevé qu’il s’observe des dysfonctionnements et des irrégularités dans les exploitations forestières.
« D’où la nécessité de tenir cet atelier à caractère pédagogique en vue d’aborder les fondamentaux de la législation qui régit l’activité forestière au Gabon avec en toile de fond la nécessité de révolutionner les pratiques», a-t-il déclaré.
Dans son rôle de diplomatie économique, l’ambassadeur de Chine au Gabon, Li Jinpin, n’a pas caché sa satisfaction.
« C’est une initiative innovante très importante à travers laquelle j’encourage les opérateurs à toujours se conformer à la règlementation en vigueur afin de bien mener leurs activités au Gabon », a-t-il soutenu.
Avant de les encourager à densifier et élargir l’assiette de leurs investissements dans le respect du circuit officiel tel que défini par la tutelle.
Lors de cet atelier qui s’est voulu transversal, les brillantes interventions des différents experts comme ceux venus de WWF, de la Direction générale de l’environnement, de Direction générale des douanes ainsi que la Direction générale des Impôts ont édifié les opérateurs économiques sur la nécessité d’aller vers la certification pour donner de la plus-value et vendre mieux leurs produits et d’avoir également la parfaite maitrise l’ensemble des procédures portant sur le rôle de la douane(fiscalité de porte), le régime de déclarations et d’obligations fiscales pour éviter les sanctions.
Présentes au Gabon au bénéfice de courageuses mesures du chef de l’Etat en 2010 mettant fin à l’exportation des grumes, les entreprises chinoises occupent le haut du pavé dans le secteur bois. Sur une superficie totale de 16,4 millions d’hectares de forêts attribués, à elles seules les sociétés chinoises représentent plus de 50%. Se taillant ainsi la part de lion.
Sur le volet de l’industrialisation et transformation locale, sur l’ensemble de 234 unités recensées en 2022, les entreprises de ressortissants chinois détiennent 167 unités de transformation, ce qui équivaut à plus de 80%.
Depuis l’accélération du processus de l’industrialisation de la filière bois au Gabon encouragée par les plus hautes autorités, en tête le chef de l’Etat, le secteur forestier a vu son apport croitre significativement : passant de 150 milliards de FCFA à 600milliards de FCFA avec effet induit sur le nombre d’emplois qui a évolué de 8mille à 27 mille. Des chiffres éloquents qui créditent l’Empire du milieu du statut de partenaire privilégié pour le Gabon.
Antoine Relaxe