Deux détenus sauvagement torturés à Sans familles pour une affaire de téléphone (ONG)

L’ONG SOS Prisonniers (SPG) a dénoncé samedi dans un communiqué appuyé par des photos, la torture infligée à deux détenus à la prison centrale de Libreville aussi appelée « Sans famille » à cause d’une présumée détention illégale d’un téléphone portable.

Selon SPG, le mardi 8 novembre 2022, les détenus Thomas Nguindjoi Obame et Arnaud Nzengue auraient ont été sommés par des agents de la sécurité pénitentiaire de restituer les téléphones portables qu’ils auraient dissimulé dans leur quartier en Prévention A.

Les deux détenus auraient déclaré aux agents qu’ils n’avaient pas de téléphones  portables . C’est ainsi qu’ils auraient été conduits au couloir du parloir, menottés par le dos, poignets serrés, à tel point qu’ils ne ressentaient plus leur sang circuler, frappés à l’aide des câbles électriques de couleur noire et des coups de pieds et autres, ils auraient subi ce traitement pendant plusieurs heures.

S’agissant de Thomas Obame alias Thomas le Pâtissier, c’est un ancien Pâtissier à la Présidence de la République. Il est incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis 17 ans déjà. De 2016 à 2020, il faisait les corvées (intendant), son rôle était de relever les effectifs de son quartier en détention pour la distribution de la ration alimentaire aux détenus de son quartier.  Thomas le Pâtissier, préparait également les gâteaux d’anniversaires de certains agents de la sécurité pénitentiaire y compris des  « détenus VIP « .

La bouche de Thomas obame aurait été même bâillonnée avec un habit afin que ses cris de douleur ne puissent pas se faire entendre.

De ce fait, le surveillant général adjoint serait donc arrivé pour dire à Thomas de restituer le téléphone caché. Mais, au vu de la constance des déclarations du prisonnier, le lieutenant aurait ordonné aux agents d’arrêter d’infliger des coups au détenu. C’est ainsi qu’il aurait été reconduit dans son quartier en Prévention A.

Le lendemain matin, c’est-à-dire mercredi 9 novembre 2022 vers 6h , les mêmes agents seraient revenus à la charge, Cette fois-ci, les agents lui auraient demandé de leur donner de l’argent, sinon il serait  à nouveau torturé.

Le détenu Nguindjoi Obame Thomas, disant n’avoir ni argent ni téléphone portable, aurait à nouveau subi des sévices d’une extrême gravité avec des dégâts corporels : blessures au cou, aux mains et aux pieds, tendons, mollets enflés. Tout son corps présente des hématomes.

Puis il tente de s’échapper des griffes des tortionnaires, Thomas aurait déclaré aux agents qu’il avait un téléphone portable, les agents seraient donc allés fouiller le bloc de Thomas où il dort, mais rien n’a été trouvé.  Pris de colère, les agents auraient décidé à nouveau de le ramener pour poursuivre  » paisiblement » leurs tortures.   

Toujours menotté des deux mains par le dos, Thomas Obame se serait mis à courir vers le bureau du Directeur de la Prison Centrale, en criant  » Monsieur le Directeur, monsieur le Directeur, sauvez moi, on veut me tuer  » mais sa course aurait été vite stoppée par un balayage chinois d’un agent de la sécurité pénitentiaire .

Quelques personnes y compris les détenus qui avaient déjà commencé la corvée auraient donc alerté le Directeur de la Prison.

Vers 8h le Directeur de la prison serait arrivé, estomaqué en voyant  Nguindjoi Obame Thomas très amoché,  les lésions de la torture de partout. Le Directeur pris de colère aurait également blâmé les agents. Le détenu est pris en photo, certains agents seraient mêmes très remontés contre leurs collègues tortionnaires.

L’état de santé de Nguindjoi Obame Thomas est inquiétant. « Le médecin de la prison centrale de Libreville, a établi un bon d’examen (radiographie lombaire) et une ordonnance , mais pourquoi depuis mercredi, Thomas Obame n’a pas été conduit  dans une structure hospitalière  pour effectuer cet examen ?  L’administration pénitentiaire ne veut pas prendre en charge les soins de santé de Thomas ? », s’interroge l’ONG qui affirme avoir tenté de rencontrer les responsables de la prison sans succès.

En octobre 2021, le prisonnier Thomas Glokpon est décédé 3 semaines après avoir été également victime de tortures dans les mêmes conditions. Il n’avait pas été conduit à l’hôpital, rappelle l’ONG dont le slogan est : « pour le respect de la dignité humaine en milieu carcéral, HUMANISONS LES PRISONS ».

L’organisation exige « le déferrement des tortionnaires devant le Procureur de la République et leur radiation des effectifs de la sécurité pénitentiaire ».

L’administration de la prison centrale n’a pas encore communiqué.

Antoine Relaxe

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