Les étudiants d’EM Gabon-université suivant attentivement le conférencier Pr Emmanuel Wonyu le 02 juin à Libreville © Gabonactu.com
Déterminé à outiller ses Doctorants dans leurs travaux de recherche, le Groupe EM Gabon-Université a organisé jeudi 02 juin 2022 à Libreville, une conférence débat sur la politique hybride de la France en Afrique sous la présidence d’Emmanuel Macron, animée par le Pr Emmanuel Wonyu, éminent spécialiste des relations internationales et des relations Franco-africaines.
La thématique de la conférence débat retenu était : « la politique africaine de la France sous le Président Emmanuel Macron : entre rupture et continuité ». Ce débat sur la lancinante question des relations franco-africaines a fait ressortir en substance l’ambiguïté de la politique française actuelle. Une politique qui, d’une part, veut hachurer les anciennes pratiques décriées, tout en continuant dans la même stratégie paternaliste aujourd’hui contester vigoureusement par la nouvelle génération, d’autre part.
Pour soutenir son argumentaire, le conférencier a relevé quelques extraits du discours mémorable du Président Emmanuel Macron prononcé le 28 novembre 2017 à l’université de Ouagadougou au Burkina-Faso: « Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire », avait déclaré le numéro un français. Un discours qui contraste avec sa politique, au regard de sa position ambivalente sur les coups d’Etats au Mali et au Tchad.
« Nous observons qu’après le discours de Ouagadougou prononcé par le Président Macron qui peut apparaitre comme le moment où il définit sa politique par rapport à l’Afrique, dans la pratique pendant les cinq premières années de son mandat, nous n’avons vraiment pas vu la colonne vertébrale de la politique française, donc ça fonctionne encore au cas par cas », a fait comprendre M. Wonyu.
Pour le Maître de conférences de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), la France sous Macron manque pour l’instant de doctrine pour ses 14 pays africains qu’elle a colonisés. Elle hésiterait à mettre en phase sa rupture à sa politique paternaliste mise en place par le général Charles de Gaulle dans les années 50. Une politique considérée comme d’asservissement par les africains, en ce qu’elle touche tous les domaines de la vie publique de ces pays. Toute chose qui endiguerait le développement et l’épanouissement de ces pays africains dont les sous-sols sont pourtant riches mais les peules clochardisés.
Co-animateur à ladite conférence, le Pr Guy Rossatanga Rignault, spécialiste des Sciences Politiques, est resté sur la même longueur d’ondes que son confrère. L’universitaire gabonais qui se veut réaliste, a souligné que l’afro-pessimiste ne devrait plus être la chose la mieux partagée par les africains eux-mêmes.
La Françafrique qui est, soutien-t-il, « d’abord un regard pathologique sur l’Afrique » cette « vision erronée qui structure l’Afrique » sur tous les domaines ne devrait plus s’intégrer dans les logiciels mentaux des africains. L’africain doit, a-t-il souligne se faire violence, pour croire à ses potentialités.
« L’ennuie c’est cette capacité des africains à gober tout ce qui est dit sur nous. Si notre propre regard sur nous-même ne change pas, on ne doit pas reprocher aux autres de faire ce qu’ils veulent », a indiqué M. Rossatanga Rignault.
Le Pr Emmanuel Wonyu a conclu sa conférence en invitant les dirigeants français à se remettre en cause. La politique qu’elle pratique depuis 60 ans ne doit plus être mise en évidence au 21ème siècle, au risque de voir, a-t-il soutenu, l’Afrique Francophone les échapper pour se tourner vers d’autres partenaires émergents comme la Chine, la Russie, l’Inde, ….
« Je fonde le vœu que nos doctorants aient compris cette perspective de recherche et qu’ils seront capables de produire des travaux qui valorisent l’Afrique », a souhaité le Pr Daniel Franck Idiata, président fondateur du Groupe EM Gabon université.
Sydney IVEMBI