Il faut, avait dit Giscard d’Estaing, laisser les basses choses mourir de leur propre poison. Peut-être aurait-on gagné à laisser les propos crus d’Anicet Koumba sans réponse et simplement en prendre acte. Ils ont le mérite de la clarté et peut-être même de la sincérité. Au fond ils dissipent certaines illusions.
Les réactions du PDG et du ministre de l’intérieur sincères ou convenues hélas n’enlèvent pas ce qui a été écrit à l’encre indélébile du rejet, de la haine.
Il faut rappeler avec insistance qu’Hitler n’a pas jeté les juifs au four crématoire d’entrée de jeu. Il les a d’abord déclarés dangereux pour l’Allemagne et responsables des problèmes de ce pays. Il l’a fait devant d’autres allemands, indifférents ou peut-être gênés mais en tout cas silencieux. Plus récemment, le Rwanda n’a pas basculé en un jour dans le chaos. Il y est allé par assauts audacieux. Ces deux réactions se perdent dans le silence de l’immense majorité des autres acteurs politiques du Gabon.
Hélas, le problème du Gabon : c’est une crise qui ne choisit pas ses victimes en fonction de leur province, de leur religion, de leur sexe, de leur ethnie. C’est une dérive qui voit une prédation d’envergure se déployer au détriment des Adouma, Akélé, Apindji,…. Fang,….Punu,….Zebi du moins d’une partie d’entre eux.
Peut-être ne s’agissait-il pas d’un dérapage mais plutôt d’un coup d’essai pour faire dérailler avant même qu’elle ne commence vraiment, la campagne à venir pour 2023 en l’envoyant sur une fausse piste comme en 2016 avec la question identitaire pour, une nouvelle fois, escamoter le nécessaire débat sur l’état du pays et les solutions qui permettraient de le redresser.
Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre