Vendredi 24 septembre 2021, ce sont 405 soldats gabonais qui ont quitté le territoire centrafricain sans avoir reçu les honneurs militaires. Tous ont embarqué dans des vols réguliers d’Ethiopian Airlines, affrétés par les Nations Unies.
Après 25 ans de présence soutenue, les soldats gabonais avaient déjà entamé depuis une semaine leur désengagement de la Centrafrique où ils ont été « chassés » suite à des accusations d’exploitation et d’abus sexuel.
Les soldats gabonais et leur matériel ont d’abord été rassemblés à Bangui. Ils ont quitté les points chauds et les positions qu’ils sécurisaient à l’intérieur du pays notamment à Alindao et Mobaye.
Quelques 45 soldats spécialistes de la logistique sont restés sur place pour la mise en condition du matériel avant sa mise en conteneurs pour son retour au Gabon. Une longue histoire prend fin !
Enquête au point mort
Le 15 septembre 2021, l’ONU a officiellement annoncé le retrait du contingent gabonais suite à des allégations d’exploitation et d’abus sexuel.
Se sentant humilié et déshonoré, le Gabon a projeté sur place une dizaine d’enquêteurs aguerris pour identifier les soldats fautifs et les victimes dans la perspective des sanctions idoines et des réparations en faveur des victimes.
Les enquêteurs gabonais, encore présents sur le sol centrafricain, ont pour mission de travailler avec le service prévôtal de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Selon des informations recoupées par Gabonactu.com auprès de diverses sources en Centrafrique, les enquêteurs gabonais n’ont pas été les bienvenus auprès des services de la MINUSCA le désormais ancien employeur des casques bleus gabonais.
Sans baisser les bras, les envoyés spéciaux de Libreville se sont alors déportés du côté de l’UNICEF qui auraient pris en charge les 5 victimes d’abus sexuel supposés. Le bureau de l’UNICEF à Bangui aurait affirmé ne pas détenir des preuves sur ces cas. Par conséquent, l’UNICEF soutient n’avoir pas pris en charge des victimes récentes ayant subi des agressions sexuelles de la part des casques bleus.
Lutte d’influence
Selon les informateurs de Gabonactu.com, les malheurs du contingent gabonais ont commencé sur le terrain dans la région de la Ouaka, chef lieu de la préfecture de Bambari au centre du pays. Dite zone rouge, la région de la Ouaka est sous contrôle des Forces armées centrafricaines (FACA) soutenues par les Russes. Le Commandant du bataillon gabonais déployé dans la zone aurait refusé d’engager des opérations qui auraient pu entrainer une confrontation avec les FACA. Son refus aurait été considéré comme une insubordination ou un acte d’indiscipline. L’officier gabonais aurait été sanctionné par la haute hiérarchie de la MINUSCA.
Ce fait apparemment anecdotique est pourtant l’illustration emblématique de la situation politico-militaire sur le théâtre centrafricain. Les autorités centrafricaines de la Ouaka accusent ouvertement la MINUSCA de fournir discrètement du matériel aux rebelles pour que la situation d’instabilité se perpétue. Ce qui explique leur préférence sur la force russe par rapport à la MINUSCA.
Le contingent gabonais paierait cash le prix des tensions entre les autorités de Bangui, la MINUSCA et la Russie.
Machination sexuelle
Devenu suspect, le contingent gabonais n’était plus en bonne odeur de sainteté avec la haute hiérarchie de la MINUSCA depuis un bon moment. Il fallait donc une faille pour écarter ce contingent. D’où les accusations d’exploitation et d’abus sexuel sur mineurs. Une faute impardonnable pour tout soldat coiffé du berret bleu de l’ONU.
L’alerte aurait été envoyée au bureau du Secrétaire général de l’ONU à New York par l’UNICEF et des ONG. L’UNICEF aurait dégagé sa responsabilité.
Du coup, la MINUSCA soucieuse de donner une crédibilité à la thèse clouant les soldats gabonais aurait chargé 3 officiers originaires de la Côte d’Ivoire, de la RD Congo et de Haïti pour rassembler d’urgence les preuves réclamer par les gabonais. Les 3 officiers s’emploieraient à rechercher les femmes qui ont eu des relations amoureuses « normales » ou non « tarifées » avec des militaires gabonais dans le passé, et surtout celles qui ont eu des enfants et/ou formé des familles avec ces soldats. L’objectif est de brandir ces exemples comme étant des cas d’exploitation sexuelle… Affaire à suivre !
Camille Boussoughou