Plusieurs personnes dont le maire et le président du Conseil départemental de Mékambo ont été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi suite à la manifestation populaire contre les ravages des plantations et les agressions orchestrées par les éléphants dans cette localité quasi enclavée du pays, rapportent des sources concordantes.
Les arrestations auraient été opérées par des gendarmes appelés en renfort depuis Makokou la capitale de la province de l’Ogooué Ivindo.
Selon une liste qui circule sur les réseaux sociaux, parmi les personnes arrêtées il y a le Maire de Mekambo, Juste Omer Ezona. C’est à lui que les populations en colère ont remis un manifeste après la marche improvisée mardi.
François Dioba, président du Conseil départemental serait également arrêté. Arnaud Moandoma Sinandong, le porte-parole du « Collectif du mouvement contre la mort par la faim et agression physique des éléphants » figurerait sur cette liste. L’on se souvient de sa lecture enflammée du manifeste des populations devant une foule hilare.
Au moins 13 personnes auraient été interpellées chez elles nuitamment. Les motifs retenus contre ces personnes ne sont pas connus. Dans leur manifeste, les populations de Mekambo dénoncent l’invasion des éléphants dans leur vie quotidienne. Les conséquences de cette cohabitation sont néfastes pour les populations réduites à la malnutrition et aux agressions, selon le manifeste.
Les manifestants ont par ailleurs réclamé le départ de leur localité d’un officier de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) pour son comportement jugé zélé et son abus d’autorité. Un portrait peu reluisant a été dressé contre lui. Mardi, l’officier détesté aurait trouvé refuge dans les locaux de la gendarmerie. Idem pour le préfet.
Ce n’est pas la première poussée de colère des populations gabonaises contre les pachydermes. En 2016, des planteurs de la commune de Lastourville dans la province de l’Ogooué Lolo ont caillassé le cortège du président Ali Bongo Ondimba. Candidat à un second septennat, le président Ali Bongo séjournait dans la localité dans le cadre de la campagne électorale. Les populations souhaitaient réclamer des dédommagements suite au ravage de leurs champs par les éléphants mais le protocole n’avait pas favorisé la rencontre. Elles s’étaient résolues de s’exprimer par la violence.
Au Gabon les éléphants, animaux intégralement protégés, se rapprochent davantage des villages. Leur population serait en nette augmentation. Les efforts énormes de conservation seraient à l’origine de cette surpopulation. Une autre thèse soutient que ces pachydermes quittent les forêts à cause de la destruction de leur habitat naturel par les forestiers et la coupe des arbres qui produisent leurs fruits préférés.
Camille Boussoughou