Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’arrestation arbitraire d’un journaliste de radio en République démocratique du Congo (RDC) pour diffamation après avoir enquêté sur le vol présumé d’une voiture par un député. RSF demande la libération immédiate de ce journaliste.
Christophe Yoka Nkumu vient tout juste d’être transféré à la prison de Mbandaka, la capitale de la province de l’Equateur, au nord-ouest de la RDC. Arrêté hier, lundi 22 février, ce journaliste de la radio communautaire Radio liberté Bikoro, largement écoutée dans cette province, est accusé de diffamation pour avoir évoqué à l’antenne une affaire selon laquelle le député provincial de Bikoro, Djimy Nkumu, utiliserait à des fin privées une voiture normalement destinée aux autorités sanitaires locales dans le cadre de la lutte contre Ebola.
Contacté par RSF, le journaliste affirme qu’il n’a pas mentionné le nom du député, mais qu’il s’était surtout interrogé sur le sort du véhicule. Arrêté et placé en détention, le journaliste partageait ce matin sa cellule avec quatre codétenus.
“Ce journaliste poursuivi pour de simples faits présumés de diffamation n’a absolument rien à faire en prison, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous demandons sa libération immédiate et sans condition. Il est temps que les responsables politiques congolais arrêtent de se faire justice eux-mêmes en envoyant systématiquement en prison des journalistes qui les critiquent. Seules des mesures concrètes d’envergure comme un moratoire sur les arrestations de journalistes et la réforme du cadre légal répressif pour les médias permettront de mettre fin à ces exactions à répétition”.
Notre organisation a tenté de joindre le député à l’origine de la plainte et le gouverneur de la province, sans succès.
L’exercice du journalisme reste très périlleux en RDC. Dans la province voisine de l’Équateur, la Mongala, le journaliste et directeur de la Radio Liberté Lisala Erick Ngunde a été arrêté le 13 février dernier après avoir animé une émission consacrée aux tensions politiques qui règnent sur le territoire. Bien qu’il ait été depuis libéré, il est désormais suspendu de ses fonctions de journaliste. Dernièrement, Nanou Kazaku, journaliste pour la radio UB-FM émettant à Goma, dans l’est de la RDC, a été blessée par balle alors qu’elle couvrait une manifestation.
La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2020.
Source : RSF